Trois noms figurent en tête d’affiche. 1°/ Henry Call. 2°/ Sigourney Weaver. 3°/ Bruce Willis. Classé par importance, l’ordre est le bon. Mais à ce compte-là, il aurait fallu y intégrer aussi dans la même taille de police les noms de Joseph Mawle et Roschdy Zem. C’eût été logique étant donné que ces deux-là bénéficient d’un rôle bien plus important que cette immense star américaine qu'est Bruce Willis.
L’intrigue laissait pourtant de la place au personnage incarné par ce dernier. Peut-être qu’on aurait eu encore plus d’action (déjà bien présente) et/ou plus de spectaculaire, je ne sais pas. D’ailleurs, il est si convaincant lors de la seule et unique scène d’action dans laquelle il se trouve. Seulement voilà : c'est un feu de paille. Bruce Willis a été engagé dans une voie sans issue et tel un gamin vexé de ne pas avoir eu la part du gâteau qu’il convoitait, il se la joue. Par son jeu d’acteur (si toutefois ça en est un), Monsieur Willis se la pète. Monsieur Willis veut écraser tout le monde. Monsieur Willis maîtrise tout. Monsieur Willis prend les décisions qui s’imposent envers et contre tout. Monsieur Willis est le seul à connaître la solution. Résultat, Monsieur Willis est pédant d’arrogance, de suffisance, de fierté alors qu’il n’est pas fichu de se protéger face à la personne qu’il soupçonne d’être responsable de la galère qu’il subit.
Non, ce "Sans issue" n’a rien pour plaire, mis à part le titre, le casting, et le pitch… qui rappelle un peu "Ronin" avec cette fichue mallette. Pour être honnête, il y avait de quoi faire un bon film. Encore aurait-il fallu que le scénario ne soit pas écrit à la truelle, comme c’est le cas ici. Oui, à la truelle et encore je suis gentil. Pourquoi ? Parce que les incohérences sont nombreuses. Si nombreuses que les citer toutes reviendrait à résumer une grosse partie du film. Allez, un petit exemple. Will (Henry Call) se retrouve pourchassé par des agents à la gâchette facile et d’une efficacité redoutable, en particulier de loin. Mais quand il se retrouve presque au bout du canon, eh bien il échappe miraculeusement aux tirs assassins (la scène où il s’échappe par une cage d’escalier est la plus flagrante).
Devant cet étalage d’incohérences, le spectacle aurait de quoi désintéresser le spectateur, sans même parler de cette impression de déjà-vu. Eh bien ce n’est pas vraiment le cas. Et cela, on le doit aux interprétations d’Henry Cavill et de Joseph Mawle. Au milieu des immenses stars que sont Willis et Weaver, ce sont bien eux qui tirent leur épingle du jeu. En particulier Joseph Mawle, en tueur implacable à la solde de… de… chuuuuuuttttt ! Quant à Roschdy Zem, son personnage n’est pas suffisamment développé. Il fait partie des retournements de situations (parce qu’il y en a quelques-uns) mais on ne peut pas dire qu’il soit inoubliable. Il est même pour ainsi dire transparent, et on a du mal à comprendre sa façon d’opérer. Pour finir, Sigourney Weaver semble zombifiée par un personnage qui ne dégage rien. Elle est là et pas là en même temps.
"Sans issue" est donc rapidement oubliable à tous les points de vue. Paradoxalement, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie franchement, bien que cette sensation essaie de pousser la porte. Eh oui, je vous accorde que ça parait assez curieux mais bizarrement, les 93 minutes passent assez vite. Parce qu’il y a du rythme. Et heureusement qu’il y a du rythme : avec la bonne prestation de Joseph Mawle, c’est le seul aspect qui sauve ce film d’une réalisation décidément pauvre en inventivité.

Stephenballade
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le 8 avr. 2020

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