Fermez vos bouches, les aliens allergiques aux décibels sont de retour ! Non pas dans une suite des aventures de la famille Abbott des deux premiers films mais au sein d'un prequel élargissant l'univers mis en place par John Krasinski à de nouveaux personnages au moment de l'arrivée de ces créatures à l'oreille affûtée sur notre bonne vieille Terre. Si le prologue du deuxième opus avait déjà opéré un retour en arrière en vue de nous présenter les conséquences funestes de leur arrivée dans la petite ville d'origine des Abbott, l'action prend cette fois place dans le cadre urbain -et donc bruyant comme pas permis- de New York, nous promettant une dose de chaos forcément bien plus dantesque et spectaculaire que tout ce que l'on a pu découvrir dans l'intimité du cercle familial des précédents héros de la franchise.
Pas totalement déconnecté des deux "Sans un Bruit" grâce à un visage familier, ce "Jour 1" nous place donc aux côtés de Samira (Lupita Nyong'o), patiente en phase terminale d'un hospice/centre de soins palliatifs, partie avec son chat et quelques-uns de ses vieillards de camarades pour une petite sortie culturelle dans la Grosse Pomme au pire moment qu'il soit. Évidemment, le choc de l'arrivée de nos amis à l'ouïe surdéveloppée en plein New York, dans une ambiance de ville dévastée proche de celle d'attentats tristement célèbres de notre réalité, fait irrémédiablement son effet. Tout au long du film, le réalisateur Michael Sarnoski ("Pig") ne sera d'ailleurs pas pris en défaut sur ce point, ayant bien tiré les leçons de la mise en scène de John Krasinski pour créer une tension palpable à chaque apparition des bêtes, qu'elles soient prêtes à se jeter à pattes ouvertes sur une foule de New-yorkais soudain obligés de fermer leurs clapets ou focalisés sur les sons des seuls protagonistes principaux.
Si rien de vraiment nouveau vient étayer le mode opératoire des extraterrestres (à part leur manière de se substanter) et que ce "Jour 1" ne contient finalement pas tant de séquences d'attaques d'ampleur que ça (plus souvent une créature isolée qui se lèche les babines, enfin ce qui y ressemble, devant nos humains), le film aura le mérite de faire preuve de la même efficacité que ses prédécesseurs en termes de confrontations avec ses monstres et le suspense de silence qu'ils imposent sur leur passage. Le job est fait sur ce plan à défaut d'aucun apport signifiant et original aux fondamentaux de la saga.
Le souci, c'est que, du côté des personnages, "Jour 1" tente aussi de rejouer une partition émotionnelle intimiste très similaire aux précédents films, se concentrant avant tout sur une Samira partie dans une dernière quête existentielle induite par sa condition tragique, avec le soutien d'un jeune inconnu aussi perdu que touché en plein coeur par la détermination de cette condamnée et les ronronnements de son chat tout mignon. Mais le résultat est par contre là bien plus faiblard et artificiel que tout ce qu'a pu mettre en place John Krasinski pour nous humidifier les yeux au cours des deux précédents opus (enfin surtout le premier, très fort à ce niveau) et il faut bien dire que ce sont ici les acteurs, accompagnés de leurs regards désarmants ou terrifiés (excellents Lupita Nyong'o et Joseph Quinn... sans oublier de citer le chat, il mériterait des boîtes de thon à vie pour sa prestation !), qui vont maintenir a minima la rythmique des battements de coeur du film, avant que celui-ci gagne enfin en puissance dans sa dernière partie, bien plus déchirante que tout ce qui y a conduit.
Mais, si "Jour 1" parvient quelque peu à nous toucher durant ses dernières minutes, il est difficile d'oublier le caractère anecdotique global ressenti devant cet appendice qui se contente grosso modo de dupliquer une recette qui a fait ses preuves. Même si des qualités demeurent bel et bien présentes, notamment du côté de l'interprétation et d'aliens très bons pour donner des cauchemars à n'importe quel ORL bien portant, la répétition appliquée de la formule marque ici trop le pas sur de nombreux autres aspects pour emporter la mise.
"Sans un Bruit 3" va devoir offrir autre chose s'ils ne veulent pas que l'on se mette, par déception, à enfoncer nous-mêmes un coton-tige géant dans les charmantes oreilles de ces extraterrestres pour s'en débarrasser.