C'est de Santiago de Chile qu'il s'agit. Santiago, capitale du Chili. Santiago- du-Chili qui rime avec Salvador Allende et Unité populaire chilienne. Santiago-du-Chili si loin et si proche.
Le 11 septembre 1973 au matin, l'armée chilienne emportée par quelques officiers supérieurs félons avec à leur tête Augusto Pinochet passe à l'action directe contre le président Salvador Allende et son gouvernement d'Unité populaire. A midi, l'aviation bombarde le palais présidentiel de la Moneda et les soldats investissent les lieux. Le président Allende demande à ses défenseurs de quitter les lieux et, resté seul, se donne la mort d'une rafale de pistolet mitrailleur.
La junte militaire prend le pouvoir, proclame l'état de siège dans le pays, dissout tous les partis politiques. Quelques 40 000 personnes, chiliennes ou étrangères, suspectes de sympathies marxistes ou simplement proches de l'Unité populaire chilienne sont raflées et enfermées dans le sinistre stade de Santiago. Plusieurs milliers d'entre elles disparaissent dans les geôles militaires après avoir été torturées et exécutées de différentes manières comme celle d'être lâchées du haut d'un avion dans l'Océan Pacifique. Plus de 200 000 chiliens se sentant en danger prennent les chemins de l'exil.
Santiago, Italia n'est pas une fiction mais un film à caractère documentaire donnant la parole à des hommes et à de femmes qui ont vécu ces évènements tragiques et qui ont pu être sauvés car ils ont pu trouver refuge et protection dans quelques rares ambassades dont celle de l'Italie qui en recueillit plusieurs centaines avant d'assurer leur transfert en Europe.
Nanni Moretti rappelle le courage et le rôle déterminant de l'ambassadeur d'Italie au Chili. L'ambassade de France et les aides du ministre des affaires étrangères françaises, Michel Jobert, ont joué de leur côté le même rôle alors que d'autres pays ont soigneusement évité que les pelouses de leurs représentations ne soient piétinées par des indésirés. Dans l'urgence, le jour du coup d'Etat et dans les jours qui ont suivi, quelques centaines de personnes ont pu ainsi être soustraites aux sbires du sinistre Pinochet et de ses acolytes.
Nanni Moretti nous invite simplement à entendre des témoignages sur ce qui avait été rendu possible, sur ce qui doit en certaines circonstances être fait comme une obligation absolue.