Divine Kiberlain

Le film retrace essentiellement deux épisodes de la vie de Sarah Bernhardt (1844-1923)

Il commence par la fin de sa vie avec l'épisode de son amputation de la jambe en 1915 et revient ensuite avec quelques allers-retours à sa journée de consécration en 1896.

Comme l'affirme la scénariste Nathalie Leuthreau, il s'agit bien d'un film et non d'un documentaire. Même si beaucoup d'éléments sont historiquement avérés, d'autres relèvent de la pure fiction comme l'intensité de la relation amoureuse avec Lucien Guitry joué par Laurent Lafitte. Si la vie publique de Sarah Bernhardt est très documenté, sa vie privée l'est beaucoup moins ce qui laisse la place au cinéma et à son imaginaire pour combler ce manque.

Sandrine Kiberlain incarne à merveille le rôle de Sarah Bernhardt. Même si la ressemblance physique n'est pas évidente ne serait-ce que par la taille du personnage, Sandrine Kiberlain semble habitée par la Divine tant elle joue avec justesse et émotion toutes les variations de ce personnage complexe. Il faut dire que la prestation de Sandrine Kiberlain est aussi magnifiée par des décors très riches et des costumes extraordinaires réalisés par l'équipe d'Anaïs Roman, plusieurs fois césarisée.

On comprend vite qu'une grosse partie du budget est passée dans les décors et les costumes ce qui en fait un élément essentiel du film et explique aussi le choix de se concentrer sur quelques éléments de la vie de Sarah Bernhardt.

Un autre choix a été de ne pas montrer la comédienne sur les planches. En dehors de la scène d'introduction, il n'y a aucun épisode de l'actrice jouant un rôle. Le style déclamatoire de l'époque n'aurait certainement pas permis aux spectateurs d'aujourd'hui de comprendre en quoi Sarah Bernhardt était une artiste de renommée internationale.

Reste le rythme du film. C'est de mon point de vue son point faible. Lorsqu'il s'agit de filmer la vieillesse de Sarah Bernhardt, le film prend son temps. La première partie manque de rythme. Ce parti pris d'associer la vieillesse à la lenteur est un vrai risque qui peut conduire à l'ennui si ce n'est pas bien réalisé d'autant que c'est aussi durant cette période du film qu'il y a le moins de décors et de costumes somptueux. Heureusement que la seconde partie est beaucoup plus dynamique où la fougue du personnage nous transporte dans toutes ses émotions.

Le fil conducteur entre ces deux périodes de la vie de Sarah Bernhardt est la romance avec Lucien Guitry que le film nous présente comme l'amour de sa vie. On tombe ici dans la partie la plus romanesque du film. Certains trouveront sans doute que le film est trop axée sur cette passion amoureuse et pas assez sur les prouesses de Sarah Bernhardt en tant que comédienne. De ce fait, le film ne permet pas vraiment de comprendre pourquoi cette artiste est entrée dans la postérité. D'autres s'émerveilleront au contraire de la prestation de Sandrine Kiberlain et se laisseront porter par les émotions qu'elle nous transmet à travers le personnage de Sarah Bernhardt. Sandrine Kiberlain, la divine.