Un biopic sur la personnalité de Sarah Bernhardt dédaignant ses performances au théâtre

Sarah Bernhardt,La Divine était un film attendu car le spectateur voulait connaître à la fois la personnalité de la première star internationale française mais aussi saisir ce talent brut sur scène. Guillaume Nicloux et sa scénariste ont malheureusement commis une œuvre où Sarah Bernhardt est scrutée à travers son histoire d’amour avec Lucien Guitry, son cercle d’artistes fréquentés notamment par Edmond Rostand et Émile Zola et sa cour partageant la mise en place de pièces ou des fastes extravagants. Une artiste côté coulisses dont la personnalité haute en couleurs la faisait se mettre en scène dans la vie même où lors de répétitions éprouvantes pour les membres de sa troupe. Une fois, l’introduction passée et la constatation d’un découpage aléatoire, vous avez l’impression qu’il y a une redite de certaines scènes, que Sarah Bernhardt est présentée dans la même démesure ( passant du lynx au serpent, de bras d’hommes à ceux de femmes, du rire aux larmes).Ce que vous aurez aimé voir en dehors de la leçon au décorateur de revoir sa copie, c’est comment Sarah Bernhardt finit par jouer la scène et emporter le morceau. Sandrine Kimberlain a le mérite de bien incarner et cerner l’ambivalence de l’actrice mais on la sent corsetée dans des représentations plus iconiques que sensibles et palpables. Avec ce souffle, la durée du film aurait certainement excéder les deux heures, mais reste ce regret qu’il y avait une place pour montrer un art dramatique révolutionné en dehors des vingt sept rappels suggérés à l’emporte-pièce, ou de l’alcool coulant à flot entre deux conversations futiles. La dernière demie-heure de Sarah Bernhardt, La Divine est même tellement fastidieuse que vous ne vous surprenez même plus à piquer du nez, tant la recette ne fait plus illusion et que tous les points de vue ont été éprouvés. Même si Guillaume Nicloux s’essayait au biopic, il aurait pu éviter cette erreur de reléguer les performances de Sarah Bernhardt, mais cela ne cache-t-il pas simplement un manque d’appréhension du monde du théâtre et de ses codes? Le film s’avère donc une demi-déception, ce qui est largement plus honorable qu’un fiasco total, et aurait pu se donner les moyens et l’audace de mieux convaincre. Dommage.

Specliseur
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Un film en 2024

Créée

hier

Specliseur

Écrit par

D'autres avis sur Sarah Bernhardt, la divine

Sarah Bernhardt, la divine
Cawotte
2

La divine Purge

J'ai eu la chance de voir ce film en avant-première et la malchance de sortir de la salle avant la fin de la projection.Malgré une ambiance, des décors ou encore des costumes réussis, le scénario et...

le 5 sept. 2024

5 j'aime

Sarah Bernhardt, la divine
Obouana
7

Magnifique

J’ai vu ce film en avant-première avec une intervention de Sandrine Kiberlain à la suite de la projection. L’accueil du public a été unanime sur l’excellence de la prestation de Sandrine Kiberlain...

le 22 sept. 2024

4 j'aime

Sarah Bernhardt, la divine
Behind_the_Mask
5

La divine comédie ?

Parfois, à l'issue d'une avant-première, on se trouve un peu seul au monde.Car invariablement, les bienheureux spectateurs, dans une unanimité remarquable, applaudissent à tout rompre et montrent un...

le 13 nov. 2024

3 j'aime

1

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

26 j'aime

3

#JeSuisLà
Specliseur
7

La destination plus que le voyage

Jesuislà est un film retors car les vingt premières minutes du film ne vous préparent volontairement pas à ce qui va suivre. En effet, le spectateur a tout juste le temps de se baigner dans la vie de...

le 7 févr. 2020

19 j'aime