Une expérience marquante et de très loin la plus longue que j'ai jamais vécue.
Pendant près de 7 heures et demi, tout ce que j'ai pu faire c'est contempler la mort.
D'ailleurs, le film comporte beaucoup de temps morts avec des protagonistes qui errent dans le champ sans la moindre once d'humanité. Tous aussi pourris les uns que les autres, que ce soit la jeunesse ou les adultes, tous se complaisent dans un enfer permanent. Sans espoir ou presque. Sans jamais être sûr qu'ils le méritent après tout.

Le film est très très lent, mais contrairement a pas mal d'oeuvres où j'ai du mal a cerner le délire... Ces oeuvres où je constate un énorme fossé entre ce que j'ai vu et les critiques dithyrambiques qui suivent, qui parfois, me racontent un tout autre film que je suis certain d'avoir manqué. Là, il y a aucun moment où je n'ai pas ressenti que Béla Tarr voulait raconter quelque chose. Toutes ses scènes sont lourdes de sens et toutes trouvent leur explication, mais avant que ce moment arrive, je n'ai pas été tenté de faire une pause ou de soupirer à cause d'un ennui insoutenable. Je ne suis pas sûr de pouvoir tout expliquer de A à Z ce que je viens de voir mais il fait définitivement parti de ces films qu'on ressent, qu'on finit par avoir dans la peau, dont les scènes, mêmes les plus insignifiantes sont faites pour nous marquer au fer rouge.

J'y étais, j'étais avec eux dans cet endroit désastreux. Quasi post-apocalyptique.
J'étais mal à l'aise et ça me plaisait malgré tout. Car jamais la mort n'a été aussi belle. Jamais l'être humain n'aura été aussi pathétique et l'esthétique permet de ne jamais trop se lasser en observant ce portrait déprimant.

J'étais bel et bien conscient que je regardais la mort en face et que je dansais avec le diable au clair de lune. En essayant de suivre ses pas tant bien que mal sans savoir si ce que je fais est bien. Mais je me laisse emporter parce que tout ce qui se passe autour de moi en vaut la peine, je suis le seul être vivant au milieu des ténèbres. Quelque chose doit rester en vie car l'espoir, ils ne l'ont pas... Mais moi oui. Tout est dans l'âme et les types que vous verrez le long de cette danse ne l'ont plus.

Le noir et blanc renforce cette ambiance mortifère et ne lâche jamais jusqu'à la fin.

Tout comme je suis absolument stupéfait de la maîtrise de Bélà Tarr tout au long du film, c'est une sacrée performance de savoir où poser sa caméra, savoir gérer le rythme et apporter une certaine beauté dans un décor aussi morne, capter l'essence de tous les acteurs pour ne voir que des "zombies" animés par le vice et le désespoir. Je ne pense pas du tout qu'il a pris sa caméra pour se regarder filmer, ni pour se la jouer "arty". Il a donné plusieurs clés et libre à nous de tout décoder et (ou) ressentir. Tout est à portée de vue.

En parlant de vue. Le travail sur la photographie est remarquable de bout en bout.

Honnêtement, si le film ne comportait pas cette scène désagréable avec un chat qui n'a rien demandé pour subir un traitement de la sorte. (Pas si hard que ça, mais la fatigue me rend très sensible) -- Et si il traînait un peu moins dans sa dernière partie, pourtant la plus plaisante car je trouve le personnage d'Irimiás fascinant et très charismatique -- notamment son monologue salvateur lors de sa grande entrée en scène dans la ferme avec une présence aussi angélique que démoniaque...

Je lui aurais probablement donné un point de plus.
J'exagère peut-être mais au final on s'en fout de la note.
Oui, je considère Le Tango de Satan comme un très grand film.
Oui, il est beau. Peut-être même le plus beau film que j'ai pu voir. Oui, il peut être chiant et petit avertissement pour ceux qui ne l'ont pas vu : "Vous allez en baver, soyez préparés, soyez costauds". Mais comme je l'ai fait savoir au-dessus, je pense qu'il est nécessaire d'en baver pour mieux saisir ce que le film cherche à raconter.

Par sa durée et sa qualité, j'en ressors grandi, la gueule marquée comme si j'ai passé de longues heures sur un ring de boxe en subissant un enchaînement de crochets dans la face. Le voyage est fini et c'est bon de revenir.

Savourez le film et la grande sieste qui suivra après l'avoir vu d'une seule traite.
Je tiens à saluer tous ceux qui ont vécu cette expérience car même dans le sommeil, rêves ou cauchemars, que vous ayez apprécié le trip ou pas, je suis certain que vous y serez encore...

Vous resterez toujours avec eux... Vous serez morts.

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le 2 nov. 2013

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facaw

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