A peu de choses près, il aurait pu remplacer Alien...
Un point de départ plutôt minimaliste, le film se proposant de faire un huis clos de science fiction avec 3 personnes. Le casting est cependant convaincant, nous avons droit à Kirk le viking en personne, avec Harvey Keitel dans le rôle du méchant et Farrah Fawcett dans le rôle de la Walkyrie Alex qui va taper dans l’œil des deux hommes en présence. C’est ainsi que commence le film, et nous sommes donc face à un trio amoureux où les personnages sont voués à être frustré (surtout le méchant). Cependant, on sourit devant la naïveté des dialogues, où les bonnes vieilles méthodes ancestrales amoureuses ont clairement l’avantage sur les nouvelles mœurs, directement affichées comme des relations dépravées où c’est la jeunesse et la vigueur des participants qui doit entrer en première ligne de compte. Bref, les sentiments passeraient à la trappe, ce qui n’est pas l’avis d’Adam et Alex, qui comptent vivre pleinement leur relation épanoui. On sourit d’ailleurs en les voyants aux cours de leurs ébats, d’un classicisme qui ne dépareille pas avec leur discours (de langoureux et longs baisers dans le cou…). Si sur ce point le discours peut sembler naïf, le film part vite dans d’autres directions, pour notre plus grand bonheur. Car ce film ne compte pas faire la promotion des valeurs traditionnelles uniquement sur le plan amoureux ! Il a aussi un message sur l’intelligence artificielle. Et là, il ne se prive pas ! Si il assure ses arrières en faisant programmer son robot par transfert direct du cerveau malade du méchant, le film tient quand même à montrer les limites de la technologie sur des enjeux purement humains : les sentiments. Le robot nouvellement créé ne contient que des parcelles d’humanité. Malheureusement, c’est un tueur qui l’a programmé, et certaines de ses obsessions se sont retrouvées inscrites dans la machine. Si le méchant efface soigneusement toutes traces de son meurtre dans la mémoire du robot, il ne se rend pas compte que ce dernier a mémorisé son obsession pour le personnage d’Alex. Et là, on a donc le sous alien qui commence à se mettre en place, le robot apparaissant vite comme une menace à la force colossale et au tempérament imprévisible. Cependant, parler de sous alien est largement exagéré, les deux films étant sortis la même année. Les ambiances sont proches, les points communs nombreux, mais les canons du domaine n'étant pas encore établis, le film peut se vanter d'être une petite surprise niveau ambiance. C’est l’un des rares robots psychologiquement déviant que j’ai pu voir dans un film (le seul cas comparable étant Hardware), et il est sacrément bien mis en scène. Cette production prend en effet grand soin de sa machine, en représentant son robot à l’image d’un corps humain bardé de tuyau de plastiques se remplissant de liquides tels des fluides vitaux lui apportant sa puissance. Une mise en scène efficace doublée de décors impressionnants, qui apportent vraiment beaucoup au huis clos. Formellement, l’univers est fonctionnel, et la SF a vraiment du charme (à part les plans ratés de l’éclipse). On retiendra particulièrement le vaisseau du méchant traversant les anneaux d’astéroïdes de Saturne, un trucage rendu possible par la superposition de plusieurs liquides de différentes densité, et à chaque interface des cailloux de densité équivalentes… Bref, si les rebondissements sont un peu mous, les décors et l’ambiance réussie font de Saturn 3 une sympathique série B de SF, qui compense la modestie de ses ambitions par un univers intéressant. Un film de divertissement plutôt correct !