Nouvelle étape dans le parcours du cinéma indien contemporain, en remontant un peu le fil du temps pour s'éloigner de tout ce que IMDb met en avant depuis les années fin 2000 / 2010 dans cette catégorie et qui ne m'a jamais passionné. "Satya" serait apparemment un jalon du cinéma Hindi, une première dans le genre — je ne suis pas historien mais il est à mon sens raisonnable de douter de ce genre d'affirmations péremptoires qui bourgeonnent à l'infini malgré les contre-exemples réguliers. C'est en tous cas un film étonnant car détaché des conditions de production des films à gros budgets précédemment cités, et mélangeant de manière répétée des registres très différents : film de prison, film de gangsters, romance fleur bleue, comédie musicale... et le tout sur près de trois heures, dans une tradition de longueur étouffante qui semble durer depuis trois décennies.
Tristement l'interprétation de J.D. Chakravarthi dans le rôle du protagoniste apparaît comme extrêmement peu convaincante, zéro charisme, zéro expressivité, il participe à la relégation de "Satya" (du nom de son personnage) dans une catégorie cousine du téléfilm de luxe. Quand bien même l'idée serait de créer un personnage sans passé, sans identité propre. De plus Ram Gopal Varma enfonce pas mal de portes ouvertes, avec des encarts initiaux et finaux en prime, pour insister sur le fatalisme du destin du personnage, un innocent qui n'est devenu meurtrier que par la force inexorable des choses. Un film qui parvient à alterner des séquences de romance très premier degré, particulièrement naïves et mielleuses, et des séquences de bonne grosse action dans lesquelles ça mitraille et ça assassine à foison. La thématique sous-jacente est archi-classique, la corruption dans tous les rangs et toutes les catégories sociales, mais jamais l'ensemble ne décollera.