Une lecture au premier degré de ce célébrissime "Satyricon", oeuvre très populaire malgré son étrangeté radicale (sans doute le parfum du scandale, mais sùrement aussi la force du délire et de l'imagination ici à l'oeuvre...), fait facilement voir dans les aventures dissolues de ses deux héros sans morale une condamnation d'une dégénérescence contemporaine à l'image de celle de la Rome Antique. Mais Fellini n'a rien d'un réactionnaire, et il s'intéresse plus ici à ce que l'Art peut apporter comme grâce (voire comme salut) à celui qui est perdu : s''il multiplie les références aux autres arts - le récit (Le corps du mari prenant la place du pendu pour sauver l’amant), la peinture (les multiples fresques), le théâtre (les scènes cruelles du théâtre de Vernaccio) et même les jeux du cirque (le faux Minotaure) -, c'est qu'il trouve dans les valeurs esthétiques de la Rome de la décadence (la surcharge, le foisonnement) des solutions nouvelles qu'il applique avec une générosité enthousiasmante. [Critique écrite en 1985]