Il est des films aux ambiances lourdes qui dès le générique vous resserrent sur votre siège comme sous l’emprise d’un étau. Certains d’entre eux vous exaspèrent… D’autres vous séduisent, vous captivent. Le beau film de Fabienne Godet est de ceux-là. Elle dénonce, certes, et on sent un vécu derrière cette histoire. Les comportements humains dans une entreprise sur le déclin sont esquissés avec beaucoup de subtilité et de réalisme. Sur le fond la réalisatrice s’attache beaucoup plus aux non-dits et aux impulsions plutôt que de s’attarder sur les discours, les larmes ou sur des comportements systématiquement hystériques. Quant à la forme, elle tient du polar, ce qui donne au film un vrai rythme, une structuration qui empêche l’asphyxie. Et c’est là toute l’intelligence de cette œuvre. Loin du docu fiction, trop souvent casse-gueule au cinéma, ici on y parle tout aussi vrai et ce que vivent les protagonistes se rapprochent et dénoncent les travers de notre société, où notre peur de réagir nous fait parfois commettre ou accepter les pires horreurs. Comment ne pas être concernés et émus ? Un premier film particulièrement intelligent et sensible servi par des acteurs magnifiques. Olivier Gourmet, on le sait, n’est jamais aussi bon que dans ce genre de rôle, mais ici il se dépasse y apportant une humanité et une noblesse d’une rare profondeur. A ses côtés, Dominique Blanc, Jean-Michel Portal, Julie Depardieu et Marion Cotillard sont éblouissants de justesse. Un film référence, à conseiller absolument.