Hot God

Une saucisse veut fourrer une brioche. Mais les dieux humains compliquent toujours tout.

★★☆☆

Sausage Party n'est pas né dans la sérénité. Le film traîne derrière lui autant de casseroles qui sont des polémiques inutiles autour de sa présumée impertinence. D'ailleurs, le bruit de ces faux scandales lui a permis de bénéficier d'une meilleure visibilité.

Le film est plutôt bancal. Contrairement à ce qu'il cherche à nous faire croire, Sausage Party ne parle pas de cul toutes les cinq minutes. Enfin si, un peu. Mais là n'est pas le propos principal du scénario. Les saucisses sont avant tout confrontées à un problème de foi : et si les dieux humains n'étaient pas ce qu'ils croient ? Une mise en perspective intéressante et plutôt fine de la religion et des ses dérives (le conflit israelo-palestinien en tête). Mais derrière le vernis poil-à-gratter se cache finalement un propos assez politiquement correct : il faut respecter les croyances de tout le monde ! Même si on prouve par A plus B que ces croyances ne sont qu'un tissu de mensonges... On est encore loin de South Park.

Mais dans l'ensemble, Sausage Party est agréable à suivre. S'il peine à démarrer, faute d'enjeux réels, le film trouve son rythme et parvient à faire décrocher quelques sourires devant un monde bien vivant, et malgré une animation clairement datée. Les gags et les dialogues usent intelligemment des caractéristiques de chaque personnage et les situations sont souvent décalées et amusantes, notamment quand les aliments comprennent la vraie nature des hommes.

La filiation avec les films Pixar est clairement assumée, que ce soit par le scénario qui renvoie à Toy Story ou les multiples clins d'oeil. Ratatouille est parfaitement parodié lors d'une scène mémorable qui renvoie au jeune apprenti guidé par le rat Rémy dissimulé dans ses cheveux.

Clairement ambitieux mais pas prétentieux, Sausage Party n'est évidemment pas tout public. Mais il ne faut pas s'arrêter aux images véhiculées (dont la scène finale et gratuite de la partouze qui doit faire une minute) mais plutôt se laisser emporter par un récit qui sort gentiment des sentiers battus, pour mieux se vautrer dans le mauvais goût assumé. Et tout en évitant de tomber dans la facilité et la surenchère.

• Si vous avez manqué le début

Point Godwin atteint en deux minutes. Le supermarché va ouvrir. Tous les articles, et notamment les aliments, sont surexcités. Les êtres humains, leurs dieux, vont venir les emmener au paradis. Mais alors que pas mal d'entre eux sont déposés dans un caddie, un pot de moutarde revenu de l'au-delà va mettre à mal toutes les certitudes théologiques du groupe. Normal.