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Après un début de carrière à la télévision, Boorman passe au long-métrage avec ce Rip-off de Quatre garçons dans le vent pour mettre en avant le Dave Clark Five. Pas sûr que le Dave Clark Five soit le groupe le plus passionnant à promouvoir et d'ailleurs il y a assez peu de chansons dans la BO, elles ne sont pas sensationnelles (ce n'est pas une surprise) et elles sont en plus répétées chacune 2 à 3 fois.


Le gros problème vient toutefois d'un scénario insipide et sans grand intérêt où le leader du groupe s'évade pour le week-end avec l'égérie d'une grande marque.
N'étant pas du tout client du Richard Lester, j'ai apprécié que Boorman ne court pas après l'hystérie de ce dernier avec pour résultat d'avoir un film qui ne raconte pas grand chose et d'avoir des personnages inexistant. Le début passe encore avec la présentation des protagonistes qui vivent dans une église ré-aménagée mais dès que la partie road-movie commence, l'ennui pointe rapidement le bout de son nez et on se lasse très vite de cette interminable course poursuite. Boorman donne le sentiment qu'il était forcé de tourner ce film et qu'il n'est pas à l'aise dans cette commande.
En tout cas, il n'en a pas l'humour, ni la passion de la musique et il essaye tant bien que mal de suivre un cahier des charges. Par contre, et ironiquement, le film possède sur quelques séquences une tonalité désenchantée très curieuse et presque contre-productive vu sa cible. Il y a déjà cette critique d'une société de consommation et d'un certain voyeurisme du marketing qui a l'air de contredire la finalité du film (se faire de l'argent en surfant sur le succès du film des Beatles pour vendre un groupe de pop) et il y a une séquence très étonnante où les deux fugitifs se réfugient un moment dans une communauté hippie totalement shootés, comme jamais redescendus de leur trip (dans le sens drogue et voyage à l'étranger) et qui en deviennent rapidement inquiétant et dérangeant. Quelques scènes plus loin, ils croiseront aussi un couple plus âgé, à priori conservateur et traditionnel mais qui se révèle des fétichistes pratiquant l'échangisme. Enfin, le dénouement n'a rien d'un happy-end et se finit sur une note doublement amer. L'île (symbolique) qu'ils pensaient trouver au terme de leur périple n'est qu'un hôtel désaffecté, uniquement isolé lors de la marée haute. Et l'égérie retournera rapidement dans le confort de son contrat.
On devine dans ces quelques moments là la présence de Boorman avec une volonté de tirer la matière vers quelques chose de plus profond dans son étude de mœurs et son sens de l'observation. Ca reste minoritaire et ça ne rend que plus bancal ce premier film largement dispensable.
C'est assez stupéfiant de se dire que Boorman est passé de ça à Point Blank !

anthonyplu
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le 4 sept. 2017

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