Un film serpent, froid, glacial. La photo bleutée ou grisâtre renvoit le film à l'hiver, au choc, à la violence de l'histoire. Elle se combine parfaitement à la vision de mort du film.
Le plus évidemment violent et difficile dans ce film c'est que ce qu'il évoque est horriblement réel. L'ostracisme dont sont victimes les femmes violées collectivement par volonté politique en ex-Yougoslavie, l'épuration ethnique par les viols collectifs mis en place systématiquement montrent bien la barbarie ultime, la négation de l'être humain absolue qui s'est exercée dans cette guerre et continue de l'être ailleurs, maintenant, les dégâts que cela engendre dans les familles, pour la reconstruction après les conflits, et les séquelles sur plusieurs générations parfois. Cela montre bien la réelle abomination qu'est la guerre, que ce n'est jamais anodin. Que toute destruction se paye le prix fort. Un prix inacceptable. Que ces horreur peuvent se réveiller n'importe où, n'importe quand.
Un film difficile qui aborde des problèmes de fonds, qui montre la guerre sous un aspect plus réaliste, sans oeillères hollywoodiennes ou étatiques, des problèmes existentiels et politiques, moraux, culturels, d'une portée primordiale.