Stygian Street. C'est la rue où se cache Jigsaw, le tueur au puzzle.
Stygian Street. La rue du Styx, un des trois fleuves des Enfers grecs.
Et c'est bien l'enfer que nous décrit ce film. Un enfer où les pécheurs sont punis pour leurs fautes. Lourdement punis, même, car obligés (dans le meilleur des cas) de s'infliger les pires sévices corporels en expiation de crimes plus ou moins graves.
Bienvenue en enfer, donc. C'est ce que pourraient se dire les deux personnages principaux, qui se réveillent enchaînés dans une pièce crasseuse, séparés par un cadavre en train de pourrir. Chacun a quelque chose à expier (même s'ils ne sont pas près de l'avouer). L'un est chirurgien, l'autre est photographe. Dans leur poche, un petite cassette audio : le photographe doit mourir, le chirurgien doit le tuer. Que faire ? Unir ses efforts pour s'en sortir, ou obéir à l'instinct de survie dans ses ramifications les plus profondes ?
C'est à ce moment-là que le film se déploie vraiment. D'abord par une savante construction de multiplies flash-back enchâssés les uns dans les autres. Puis par une science subtile de la révélation, qui vient toujours au bon moment pour faire rebondir l'action sans laisser le moindre temps mort, et pour faire encore monter la tension (pourtant élevée dès les premières minutes).
Enfin il y a l'aspect politique du film. Cette critique à peine masquée mais brutale de "l'émulation par la concurrence". Ici, la concurrence est exacerbée et aboutit forcément aux pires horreurs. Les jeux sont truqués, les adversaires ne se communiquent pas toutes les informations et chacun ne cherche que son propre intérêt.
Film à petit budget, réalisé en 18 jours, mais doté d'un scénario remarquable et plutôt bien interprété (on y retrouve Danny Glover ou Michael Emerson, que j'avais découvert dans la série Lost), le film est un véritable choc : coups de théâtre, suspense, tension, final grandiose.