C'est laid pour pas grand-chose
Expérimentation visuelle dans le cadre de l'animation, le film ne raconte malheureusement pas grand-chose de très intéressant. En plus de ça, l'animation en elle-même cherche bien souvent à être...
le 25 août 2023
Un peu comme la figure du zombi (qui a le don de faire grincer les dents des chargés de sélections en festival de genre) ou celle du fantôme dans le cinéma d'horreur, l'addiction et la détérioration des sens qu'elle engendre est un thème incontournable du cinéma d'animation pour adulte. C'est une source facile d'imageries psychédéliques et d'inspirations pour bon nombres (trop?) de réalisateur, et s'il est très facile d'impressionner visuellement (même si cela paradoxalement plus difficile d'être marquant et original), il est aussi facile de faire soupirer le spectateur. C'est ainsi qu'on arrive à être intrigué par les visuels de Scale de Joseph Pierce, faute d'être tenté par le synopsis, et par le fait que le film est l'un des seuls représentants en animation présenté en compétition à la semaine de la critique à Cannes avec le très bon Ice Merchants.
On peut reconnaitre au film une certaine aisance vis-à-vis de la construction de l'univers. Parfois avec des détails minimes, par exemple à travers les personnages gravitant autour du protagoniste, on arrive à dégager une personnalité et une identité propre au film. On a la répétition de motifs et de symboles, comme l'autoroute ou le village miniature, qui créé une forme d'attachement au film... qui n'aurait pas été possible avec le reste du dispositif.
S'il y a bien la rotoscopie et les graphismes qui peuvent interpeller dans les deux premières minutes, dès la sixième minute on commence déjà à trouver le tout assez tiède et avare en proposition, tant tout semble se répéter. Les corps qui ne sont pas de la bonne taille, les contactes et les textures qui sont amenés à fondre ou à se liquéfier, ou même l'idée assez bonne des veines qui peuvent représenter des routes que le protagoniste cherche éperdument à détériorer à coup d’opiacé... on tombe rapidement dans des symboles et une mise en scène déjà vu, que même la rotoscopie n'arrive pas à rendre intéressant. Là où l'on la rotoscopie peut avoir des caractéristiques singulières lorsqu'elle est mis en parallèle avec l'imaginaire dans les films de Don Bluth ou lorsque l'on cherche à travailler sur la perception du vivant par le non humain (Dans ce domaine là j'ai grandement hâte de découvrir Absolute Denial de Ryan Braund qui a eu son petit succès au PIFFF 2021), ici la rotoscopie sert avant de béquille et de tuteur à une animation très hésitante qui exploite que trop peu les images réelles qu'elle travaille. On peut le voir notamment à travers des plans où le personnage principal est dissocié du fond car il y a d'énormes soucis de raccords de calques.
Mais plus que la forme qui peut s'excuser et a son charme, c'est surtout l'écriture qui pose problème. J'ai dû revoir ce film plusieurs fois car même avec des sous-titres, une vitesse normal et en étant pleinement concentré, le film est parfois technique à suivre et à comprendre. Les dialogues sont beaucoup trop verbeux et pas assez fluides, à base d'expressions parfois pédantes et de figures de styles faussement alambiqués. Il est évident que le réalisateur cherche avant tout à emporter le spectateur dans une expérience sensoriel et abstraite, mais cela ne justifie pas des dialogues qu'on dirait sorti par un étudiant alcoolisé qui divague. C'est lourd, c'est long, c'est inintéressant dans ce qu'il réussit... le film tombe dans tous les travers du genre et est loin d'être une réussite.
8,5/20
N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.
Créée
le 12 janv. 2024
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