World of Sharks

C'est typiquement le genre de film qui va subir de violentes critiques car il est purement actuel et que beaucoup commence à en avoir plein la tête et pourtant, c'est un sujet ultra important de notre époque. Scandale raconte donc comment les puissants (plus particulièrement de sexe masculin) abusent sans aucune gêne de cette puissance. Bien souvent de manière obscène. On peut critiquer aisément le film de cette manière: "ouais encore un film sur ce sujet, comme s'il n'y en avait pas assez". Et c'est un point de vue qui se défend mais, ici, on est quand même face à une prise de position maîtrisée et parfaitement mise en scène par un Jay Roach fortement inspiré.

Le film nous présente un monde que nous connaissons peu au final. Le monde de la télévision est assez hermétique, jusqu'au moment où un scandale éclate et que les faits arrivent au yeux de tous. Ici, on est face au cas Roger Ailes, un grand nom du petit écran, patron pendant de longues années de la Fox, une véritable légende du milieu, un gros poisson comme on dit. Et vu sa position, le bonhomme avait énormément de puissance. Lorsque que le scandale éclata, c'est tout un pan de lé télévision qui sera bouleverser. Mais, c'est aussi un combat important pour la place des femmes dans ce domaine et de manière générale, dans la société.

Le film est réussi notamment parce qu'il parvient à ne pas tomber dans le cliché féministe. Ce film n'est pas là pour juste défendre la cause des femmes mais pour faire cas de ce que peut amener la puissance de certains peut engendrer. Le film est malin, le déroulé est malin, on suit trois femmes en particulier, qui ont tout fait pour arriver à s'imposer dans un milieu où on trouve bien souvent des hommes. Au-delà de cela, le film est aussi un beau témoignage de ce qu'est ce milieu de son déroulé à la disposition des étages qui classifient l'importance de chacun. C'est en quelques sortes une micro société qui vit dans cette immeuble fait de verre et taule. Même le côté politique de la chaîne (qui n'a jamais été nié) est mis en avant et travaillé. Du coup, Scandale se retrouve être un film malin, mettant en avant autant la place des femmes dans cette industrie mais aussi le fonctionnement de cette industrie.

Bien sûr, le film prend rapidement le pas et nous présente bien le scandale autour de la chaîne et de son patron Roger Ailes. Mais, là où le film aurait pu devenir une croisade, il parvient à garder un oeil très extérieur à la situation. D'ailleurs, cela joue beaucoup dans certaines scènes notamment les scènes où on voit ces agressions sexuelles: par ce regard extérieur, Jay Roach parvient à maintenir une tension glaçante dans ces séquences créant un malaise et une rage chez le spectateur. C'est donc finement jouer de la part du réalisateur. Même la mise en scène est très épurée et impartial, notamment par des plan séquences vraiment bien ficelés et par des plans fixes qui maintiennent une tension palpable tout le long du film.

Le casting composé par trois grandes actrices: Charlize Theron (méconnaissable pour le coup), Nicole Kidman et Margot Robbie. Cette triplette fonctionne magnifiquement bien même si leurs interactions sont limitées. Elles ne partagent qu'une seule scène toutes les trois, lourde de sens et absolument centrale dans le métrage. De plus, le maquillage qui permet de donner l'impression qu'elles ont subit une chirurgie esthétique joue vraiment sur le côté superficielle et sexiste qui sont ultra présent dans le monde de la télévision.

Parfois critique, parfois biopic, parfois impartial, Scandale est un film important par son message certes, mais, surtout par sa mise en scène concernant un sujet sensible au cinéma. Évitant de tomber dans les clichés, le film parvient à maintenir une tension suffisante pour tenir sur ses deux heures de pellicule. Porté par un trio d'actrice au sommet (surtout Charlize Theron mais faut-il préciser qu'elle est incroyable), maniant habilement la mise en scène et l'écriture, Scandale se révèle être un film intéressant.