Quatrième film de la journée, et premier de la compétition internationale, Scare Campaign des australiens Colin et Cameron Cairnes, prouvant ainsi que la relève de l’horreur se trouverait peut-être au pays des kangourous. Scare Campaign est une émission télé de caméra cachée horrifique populaire, qui s’amuse de la peur de victimes innocentes. Menacé d’être arrêté par la chaîne à cause de la violence toujours plus grandissante (et réelle) de la concurrence internet, les créateurs de l’émission ont un épisode pour prouver qu’ils sont capables du pire. Slasher se jouant allègrement des codes du torture-porn et de cette mode increvable du found-footage, le long-métrage des frères Cairnes est généreux quand il s’agit de mises à mort et d’hémoglobine. La facture technique du film est très réussie, la mise en scène est soignée, la caméra prend son temps d’analyser une situation et un décor, utilisant tous les points de vues imaginables, de la caméra de surveillance, à la go pro, en passant par la bonne vraie caméra de cinéma. L’horreur se passe dans des lieux bien éclairés, qui ne laisse pas de zones d’ombres, pouvant ainsi tout nous montrer. Les effets spéciaux sont d’ailleurs d’une terrible efficacité, et donneront des hauts-le-cœur à plus d’un spectateur. La première partie du film est alors convaincante, ce questionnement sur ce rapport à l’image, la violence réelle ou pas, l’accès toujours plus facile à n’importe quelle horreur sur internet n’apparaît pas comme un discours de vieux réac qui dit que c’était mieux avant, mais plus comme une vraie interrogation sur une société malade d’images et qui ne se contente plus de regarder des fictions, mais regarde des véritables mises à mort. Il suffit de naviguer sur les réseaux sociaux quelques temps pour avoir accès à plus qu’une vidéo de décapitations, relayés par médias et autres. Le problème (si c’en est un) est donc réel également. En revanche, on se perd un peu dans le film après le troisième ou quatrième retournement de situation… il y a quelque chose de légèrement ringard dans le twist, et de profondément paradoxale. En effet, on montre tout, mais on ne dévoile rien de l’histoire, laissant le spectateur essayer de deviner qui est le méchant, la taupe, qui va se retourner contre qui et pourquoi et blablabla. En 2016, on est malheureusement tellement habitué à ces retournements, que cela n’est même plus fun, et souvent décevant, de deviner une demie heure avant la fin du film qui est le/la vrai/e méchant/e de l’histoire. Mais bon, gentiment malsain et généreux, Scare Campaign est tout de même réussi, et nous donne envie d’en voir plus. J’attends le deuxième opus, mais avant ça, j’aimerais voir plus de productions comme celle-ci, et plus des Ouija et autres ersatz de films d’épouvantes tellement nazes que des fois, t’as presque honte de dire à des néophytes que t’aimes le cinéma d’horreur, puisqu’ils vont automatiquement t’associer à toutes ces bouses audio-visuelles.
Tiré du journal du festival des Hallucinations Collectives 2016 : lire l'article entier sur mon site...