Vous connaissez Sheldon Wilson, même si son nom ne vous dit rien. Ayant réalisé de petites bisseries comme L’écorché, Kaw…, il a passé sa vie dans le domaine du DTV plus ou moins vite fait, dont la carrière se trouve jalonnée de péloches rigolotes mais jamais inoubliables. De la part d’un réalisateur qui a comme qualité la constance, la découverte du modeste Scarecrow sorti cette année en DTV aux USA n’a pas de quoi effrayer les géants du box office ni les endurcis de l’horreur fantastique. Toutefois, malgré un script abominablement conventionnel, il tente de faire son petit truc sans rien demander à personne…
J’entends déjà vos soupirs à la lecture de l’histoire. Malheureusement pour lui, le script de Scarecrow ne tente pas un instant de développer quoi que ce soit au niveau des personnages ou des situations, se contentant de l’habituelle formule « survival » où nos protagonistes se barricadent, puis cherchent à s’enfuir, courent, tentent une action héroïque pour venir à bout de la bête qui se solde toujours par un epic fail… L’enchaînement plat des rebondissements communs n’essaye tout simplement pas de nous changer du train train quotidien des séries Z à monstres. Mais pourquoi alors lui avoir accordé une simple note médiocre ? Pas vraiment pour ses acteurs, même si ces derniers font quelques efforts d’implication pour livrer une prestation correcte (on n’attend pas plus que des étudiants lambda cherchant à survivre pour boucler leurs études). C’est plutôt pour la tenue visuelle de l’ensemble, qui soigne assez efficacement sa facture technique. Rien à faire pour la musique fonctionnelle, mais la photographie est soignée, le cadrage efficace, et chose surprenante, jamais la salope Shakycam n’est ressortie pour tenter d’insuffler l’hystérie qui pollue habituellement les produits de faible envergure du genre. Mais c’est surtout les effets spéciaux incarnant la créature qui méritent le coup d’œil. Intégralement numérique, la créature se révèle remarquablement bien gérée, ses apparitions étant longues, fréquentes et fluides. Son design s’écarte agréablement des principaux avatars du genre (exit Jeepers Creepers, la trilogie Scarecrow ou l’hilarant Messagers 2) pour privilégier un design racine sauvage plutôt esthétique, qui confère une appréciable efficacité à chacune de ses apparitions. De quoi se consoler de la pitoyable introduction et de l’absence de sérieux concernant ses origines. Mais pas assez pour encaisser sans broncher la redondance et la banalité des rebondissements, malgré quelques explosions sympathiques de la part d’un DTV sans grandes ambitions. Un petit film alimentaire sans grosse consistance, mais sans être non plus franchement honteux.