Je n'ai pas vu le docu "Scared Straight" ; ce n'est pas trop grave puisque le réalisateur remonte son film pour remplir la première moitié de ce métrage-ci. Apparemment, il y a aussi eu une version 10 après, ce qui explique pourquoi on voit quelques archives entre le docu de 78 et celui de 98.
Le concept d'effrayer des gens pour en tirer ce que l'on veut, c'est pas vraiment ma tasse de thé, même si ça semble marcher (après faut vérifier les chiffres mais puisque pendant au moins 20 ans ce centre a continué d'exister avec de bons résultats officiels...) ; en tous cas c'est amusant de notre point de vue de spectateur de voir ces ados se faire engueuler par des prisonniers, surtout par celui qui n'a plus qu'un seul œil. Si l'objectif était de nous faire ressentir leur peur, c'est un peu raté, le dispositif scénique rend le tout plus absurde qu'inquiétant, avec un défilé de malfrats qui crient, surtout qu'on se doute bien qu'ils ne vont pas tabasser ces jeunes. Mais bon, du point de vue de ces jeunes je peux comprendre que ce soit effrayant. Le retour en 98 est amusant : de manière général, voir quelqu'un évoluer au fil des ans est passionnants (quand je vois comment sont devenus certains élèves que j'ai eu quand ils avaient 12 ans) ; ici, dans le cadre de cette expérimentation, ça l'est encore plus. Bon, après, les interviews sont convenues, assez peu inspirées, et au final l'auteur ne donne que peu de temps à ces ex-délinquants pour s'exprimer.
La mise en scène n'est donc pas forcément idéale : dans les séquences de 78, on ne parvient pas à ressentir la peur que ressentent les ados, la caméra ne s'immisce pas assez entre les intervenants, et le point de vue éloigné rappelle la comédie, surtout que les prisonniers en font des tonnes (franchement, on garde les mêmes textes mais on remplace les taulards par la bande de Ben Stiller et on a là un super segment pour Saturday Night Live). Pour ce qui est de 98, les interviews sont assez peu inspirées, peu creusées, c'est très convenu. Dommage parce que les intervenants ont certainement plein de choses à dire. On appréciera en particulier la diversité des looks, entre permanente kitsch, look de rappeur, look de clochard et costard, on constate que chacun a fait son p'tit bonhomme de chemin à sa façon.
Bref, ça ne va pas aussi loin qu'espéré, mais ça reste divertissant.