Le monde est tout simplement injuste. Si on parle à son entourage de Scarface, on va vous sortir Tony Montana, The World is Yours ou encore Brian dePalma et on va omettre de vous citer le film de 1932 de Howard Hawks. Pourtant, sans renier l'oeuvre de dePalma, il faut reconnaître que l'oeuvre de Hawks est cent fois plus puissante que celle du réalisateur aux origines méditerranéennes.
Scarface, c'est le génie de Howard Hawks derrière la caméra. Un cinéaste qui révolutionne à lui tout seul le film de gangsters, qui va influencer, encore aujourd'hui, la manière dont un tel film peut être construit. C'est un cinéaste qui sait mettre en boite ses images puisque le noir et blanc est superbe et qui oeuvre énormément sur la symbolique: le x lorsqu'un mort va survenir, le sifflement de Tony Carmonte lorsqu'il va commettre un crime, les silhouettes plutôt que montrer de visu ce qui va se passer, la quille qui s'effondre lors d'une mort d'un protagoniste, etc. Bref, Hawks régale le spectateur en 1h30 de symboles.
Un film qui s'inscrit également dans l'ère de son temps et qui prend place dans une Amérique en pleine période de prohibition où les mafias abreuvent le public des bars. Gare à celui qui ne se fournit pas chez le bon gaillard. Gare aussi à ne pas vouloir respecter la concurrence. La guerre des gangs n'est pas loin.
Mais Scarface, c'est aussi la composition aussi remarquée que remarquable de Paul Muni, acteur injustement oublié aujourd'hui dans son rôle de Tony Carmonte. Parfait à tout point de vue, l'homme efface presque à lui tout seul les prestations de ses autres collègues comme Ann Dvorak, Boris Karloff ou encore Karen Morley, pourtant pas en reste.
Scarface possède-t-il des défauts? On est en droit de se le demander. Si on chicane on dirait qu'on voit qu'on est au début du parlant avec justement quelques situations, rarissimes, qui auraient mérité justement un peu moins de dialogues. Mais on chicane, je vous dis !
Scarface de Hawks est-il le meilleur film de gangsters ? On pourrait (presque) assurément répondre que oui.
(9,5/10)