On finit par tomber quand on veut mettre de grands talons pour arriver à la hauteur des grands...
C'est assez rageant d'entendre toutes ces petites frappes qui voient en Tony Montana un modèle de réussite , de respect et de puissance. Ils n'ont évidemment rien compris. Scarface, c'est une critique férocement ironique de l'arrivisime facile, de ces gens qui se croient au-dessus de tout dû à leur mauvaise interprétation du rêve américain. De Palma narre avec brio et virtuosité l'ascencion financière et violente d'une racaille immigrée qui n'arrive cependant pas à s'élever dans la haute société. Et, derrière toutes ses actions de cruauté et de vulgarité pour couvrir son ambition démesurée se cache une personnalité moins immorale qu'elle n'y parait, une personnalité déçue du monde qui l'entoure et du manque de principes. Al Pacino a incarné toutes sortes de mafieux au cinéma : un Don glacial, un gangster au bord de la retraite qui culpabilise, et Montana, une petite frappe qui met de grandes talonettes pour arriver à la hauteur des grands mais qui finira forcément par tomber. Mais bien sûr, on prend aussi notre pied devant la fameuse scène finale, et où on se dit, qu'on ait compris le film ou pas, qu'on aimerait aussi bien résisté face à un nombre d'ennemis trop important pour nous. De Palma peint avec génie un Rêve Américain cauchemardesque.