En introduction, je tiens à préciser que le Scarface de Brian de Palma est un remake du Scarface de Howard Hawks, réalisé dans les années 30, et qui est d'une qualité également exceptionnelle. Il est rare qu'un remake soit d'un niveau aussi élevé que l'original. C'est pourtant le cas avec ce film taillé pour les épaules d'un immense Al Pacino, tout simplement dans son meilleur rôle.

Repositionnant le film dans une époque de guerre froide, Brian de Palma fait de "son" Scarface Antonio Montana un émigré cubain, un petit malfrat dévoré par l'ambition qui croit dur comme fer à sa capacité à réussir aux états unis d'Amérique, la terre promise. Ce n'est pas pour autant qu'il va quitter sa filière d'origine. Il était un criminel sans envergure à Cuba, il poursuit sa carrière dans le crime aux USA, avec une réussite qui ne se dément pas dans le trafic de drogue.

Scarface narre la fulgurante ascension d'Antonio Montana, s'appuyant sur son intelligence, sa roublardise, sa capacité à diriger, manager son trafic avec brio... Arrivé au sommet, il n'est toujours pas satisfait, et se rend compte qu'il n'apporte aucun bonheur autour de lui, encore moins à lui même...

Scarface, c'est moins un film de mafia qu'un film sur le rêve américain, celui qui tourne au cauchemar. Certes, c'est beaucoup plus attrayant que Antonio Montana soit un trafiquant de drogue dans le scénario du film, mais il aurait été un génie dans l'immobilier que finalement je ne pense pas que le propos général du film aurait fondamentalement changé.

La réussite à tout prix prôné par le modèle américain comme une fin en soi se prend une gifle dans Scarface. La réussite n'est pas une fin en soi, Montana le dit lui même : "In this country, you gotta make the money first. Then when you get the money, you get the power. Then when you get the power... then you get the women." Mais à trop se consacrer à la réussite de son affaire, il perd en route ce pour quoi il se bat. Être heureux et profiter de sa vie.

Scarface est un personnage bien plus profond et mélancolique qu'il ne laisse paraitre au premier abord, doté d'une morale bien particulière qui entrainera sa chute au final.

Scarface est définitivement un film culte. Certes, c'est un film de gangsters, mais le propos va au delà de cet univers pour dresser un portrait sans concessions des affres liées à l'ambition sans retenue.

Hypérion
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le 24 mai 2011

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