Pour cette nouvelle critique après une (longue) période d'absence, j'ai décidé de m'atteler à l'un des films les plus connus de sir De Palma. Remake du film de 1932 réalisé par Howard Hawks, ce remake nous propose une version revisitée, nourrie du contexte de la guerre froide et de celui des grandes d'émigrations connues par Cubas vers la fin des années 70.
Oeuvre controversée à sa sortie, accusée de vouloir provoquer l'empathie voire la sympathie envers le monde de la pègre, elle s'insère de nos jours comme une oeuvre précurseur et dans la continuité des grandes séries de Gangster, telles que Boardwalk Empire, Peaky Blinders... En effet, là où la version originale nous proposait une banale histoire de lutte entre le '' bien '' et '' le mal '', respectivement représentées par la police et la pègre, ici nous suivons intégralement la vie d'un exilé cubain, ancien taulard, venu faire fortune au pays du '' tout est possible'' et son immersion complète dans le milieu criminel de Miami.
Tout l'intérêt du film réside précisément dans son contexte historique. Sous couvert de raconter une nouvelle histoire de criminelle, le film dresse un portrait assez acerbe de l'Amérique. Loin d'être dépeint comme une anomie, Tony Montana est au contraire décrit comme le prototype du businessman croyant dur comme fer à la réussite individuel, à la recherche du profit et à la concurrence, comme tout bon américain... En soi, il est présenté comme une sorte de modèle d'intégration aux valeurs du pays de l'Oncle Sam, éliminant avec violence et fourberie les obstacles à son business tout en croyant fermement à des valeurs traditionnelles comme le dévouement familial, le paternalisme....
Cependant, le message tend à perdre une partie de son efficacité par manque de subtilité, la faute à un script d'un Oliver Stone pas franchement réputé pour faire dans la nuance et la subtilité.
Mention spéciale à la scène du restaurant, qui finit par un discours lourdingue où Al Pacino dénonce l'hypocrisie de la haute bourgeoisie américaine et dénonce plein d'esbroufe sa posture de bouc émissaire
... Je regrette aussi que pas mal de personnages secondaires soient assez mal exploités, comme celui de Manny son meilleur ami, par trop de focus sur le protagoniste principal. Par ailleurs, le film tend à parfois trop à s'étirer en longueur, bien que paradoxalement, les quelques scènes d'action du film restent encore bien impressionnantes et violentes au regard de nos standards actuels, grâce au savoir-faire de Brian de Palma.