À écouter:https://youtube.com/watch?v=2-lpW0m60z4
Nan j´plaisante:https://youtube.com/watch?v=9D-QD_HIfjA
Après 6 mois sans aucune critique je m'y remets enfin et on va bien entendu parler de Scarface.
De ce film on connaît tous la fin: Al Pacino en richissime baron de la drogue mitraillant tout ce qui bouge dans sa gigantesque villa. L'histoire est elle aussi bien connue, celle de l'ascension d'un immigré cubain, Tony Montana, plongeur dans un restaurant qui finira trafiquant de drogue millionnaire.
Cité un peu partout dans la culture pop, particulièrement dans le rap (c'est à se demander si la quasi totalité des répliques n'ont pas fini samplées sur un morceau), pour ses phrases d'anthologie qu'on a tous entendu quelque part ou lu sur une casquette, un t-shirt ou un quelconque produit dérivé. On peut dire qu'il s'est taillé une solide réputation de monument des films de mafieux. Et c'est plus que justifié.
La mise en scène de De Palma est vraiment plaisante, tout s'enchaîne, l'ensemble est fluide, et en prime on a droit à plusieurs plans séquences. Les acteurs sont tous crédibles même si l'accent est surtout mis sur la performance hallucinante d'Al Pacino à l'inverse de son personnage froid dans le Parrain il risque le surjeu qui colle parfaitement au personnage de Tony Montana.
Là où le film fait en revanche vraiment fort c'est dans son rythme. Les 2h50 passent très rapidement et je pense que même si l'on rajouterait 30 minutes au film ce ne serait pas gênant. Le film se découpe au final en deux phases distinctes (l'ascension puis la chute), chose on ne peut plus classique au fond vu le nombre de films ayant employé cette structure, le tout séparé par ce qui est de mon point de vue la meilleure scène du film, lorsque Tony devient riche et peut se payer tout et surtout n'importe quoi. Le tout accompagné de "Push it to the limit" (lien en haut) et rythmé par des machines comptant des billets de banque.
Ce qui est pour moi la grande particularité de ce film c'est surtout son style que je trouve étonnamment proche de la BD et plus particulièrement du comic américain: tout s'enchaîne avec ce rythme assez particulier dont j'ai parlé plus haut notamment dans la dernière partie où l'action semble se dérouler en quelques jours(chose que l'on ne verrait pas dans beaucoup de film de mafieux, la chute arrivant progressivement), mais également tout est disproportionné, on ne sniffe pas une ligne mais une montagne de coke, Al Pacino n'a pas une villa il a une gigantesque villa, on ne tue pas son ennemi discrètement on le pend du haut d'un hélicoptère... Le héros se permet tous les excès même les plus impossibles. On ne cherche pas à rendre réaliste le film, on cherche à le rendre improbable voire comique.
Pour moi les meilleures scènes du film derrière celles citées plus haut sont bien évidemment le final, la scène de la tronçonneuse(on ne voit au final presque rien mais la tension dégagée est énorme) et la scène du restaurant. Par contre il me serait impossible de classer les répliques elles sont toutes incroyables
La personnalité de Tony Montana
C'est clairement le dernier point sur lequel je voudrais dire quelques mots. C'est sans aucun doute l'un des personnages les plus connus de la culture pop, et un de ceux qui me fascinent le plus. On a affaire à un personnage qui vit le rêve américain de manière "perverse" à l'inverse de Rocky par exemple qui s'en sort en s'entraînant et finit heureux, lui préfère "tricher" en prenant le chemin du crime et de l'argent facile.
C'est sans doute pour cela que le film provoqua, et provoque encore maintenant polémique et controverse ( pour l'anecdote le Scarface original de Hawks batailla longtemps avec la censure de l'époque et ne put sortir qu'avec des scènes coupées au montage).
À la fin du film il a tout ce dont il rêve(luxe, femme, drogue) et pourtant n'est pas heureux. Au fond il n'était pas de taille à gérer son buisness peu légal? Au final sa situation est-elle si enviable?
Le personnage (pourtant transformé maintenant en cliché de la vie bling-bling) est en réalité beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Antipathique à souhait tout le long du film il se révèle pourtant être incapable de tuer des enfants même si cela risque de lui coûter sa vie. Cette scène assez importante est la seule à lui donner un côté humain, elle est par ailleurs compensée directement par un meurtre odieux.
Archétype parfait du "bad guy", il exerce encore une fascination(involontaire?) assez étrange.
Hitchcock, un des modèles de De Palma paraît-il, avait dit:
Plus le méchant est bon, meilleur est le film".
Scarface lui donne raison.