L’Étrange Festival est le lieu idéal pour voir de l'animation différente que l'on ne pourrait pas revoir ailleurs, venant de contrées pas assez mis en avant, le tout dans des propositions inattendues. Cette édition 2024 a été généreuse en film d'animation, avec notamment Exorcism Chronicles : The Beginning ou encore Duel à Monte Carlo Del Norte en séance spéciale, et Shirkoa in lies we trust faisait clairement parti des plus intrigants. Film d'animation dystopique indien en 3D avec au casting des personnalités comme Asia Argento, Gaspard Noé ou Golshifteh Farahani... cela peut qu'attiser la curiosité.
On est plongé dans une sorte d'univers paradoxale qui réutilise les visuels, réemployant l'aspect pour accentué la salissure et le côté sombre de ce monde, ainsi que la dramaturgie du jeu vidéo. Nous sommes amenés à suivre des personnages perdant leurs libertés, bloqué dans un monde que l'on croirait celui d'un GTA sans aucune règle ni liberté, où l'on ne peut que subir l'impossibilité d'agir et d'être soi même. Les habitants sont privés d'identité et de libre arbitre, et le film sait illustré l'enfer vécu par les personnages en très peu d'image. Le motif du sac en papier devient ainsi un outil très puissant en image et en signifiant, où la vu de photo de famille peuvent prendre une tournure sinistre lorsque tous les membres de la famille portent un sac identique, ou lorsqu'une mariée porte un sac en papier malgré une robe très élégante. On voyage ainsi dans un univers exotique parfois très étrange, mais qui nous capte à travers la vie du personnage principal qui, à son échelle, est amené à voir tout un système s'effondrer. Même si le postula est un peu cliché et déjà vu, cela reste une base clairement identifiable qui permet au spectateur d'accrocher et de ne pas trop se perdre dans un monde où tout peut être une source d'intérêt et de déconcentration. Ainsi, durant le premier tiers du film, qui s'apparente de plus en plus à un Free Guy de Shaw Levy sous acide et dépressif, on n'a pas besoin de grand chose mis à part déambuler et découvrir les recoins d'un monde parfois violent mais jamais gratuit.
Cependant, à un moment donné, le film vrille dans une sorte de parodie de Joker de Todd Philipps, où le personnage principal se décide à être une sorte de guide spirituel pour une communauté de hippies suicidaires, et cela devient vraiment inintéressant au possible. On passe d'un film de vengeance et de révolte sociale à une forme d'égo-trip très mal géré, se voulant plus pulp et irrévérencieux que premier acte sans jamais y arriver, et le film franchis les limites à ne pas franchir. Mis à part un discours tenu par une sorte de Jésus barbu prêt à se donner corps et âme à sa foi, toute la seconde parti devient très mou et chiant, dans une sorte de paradis de l'anormalité, faisant presque regretter le système en place. L'animation semble presque grossière, faisant apparaitre de plus en plus des mouvements robotiques, des gros plan sur des yeux quasiment aussi vivant que dans Foodfight, des vêtements et accessoires qui passent à travers les personnages, et même des séquences où les objets 3D apparaissent à l'écran comme généré par la caméra pour représenter un mouvement de traveling arrière. Le film devient grossier, très cryptique et peu accueillant, et ce n'est qu'en retournant à Shirkoa que l'on pourra retrouver un récit qui puisse parler à quelqu'un d'autre que son réalisateur, dans un final qui est plutôt beau.
Shirkoa in lies we trust se révèle surtout très confus dans ses intentions, ne sachant pas quoi promouvoir entre un propos concrets et des envies un peu égoïstes que l'on aurait pu apprécier si elles avaient été réfléchit dans un contexte de long métrage construit et cohérent. En résulte une œuvre dans réel intérêt si ce n'est d'avoir pu voir quelques idées visuels qui ne peuvent pas faire un film à elles toutes seules.
8,5/20
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