Qui ne connait pas Scooby-Doo? A moins d'avoir vécu dans une grotte au cours des trente dernières années, vous êtes forcément tombé sur un produit se rapportant au personnage, et/ou à son Univers. C'est que le toutou glouton et froussard créé par le studio d'animation Hanna Barbara et diffusé sur la chaine Cartoon Network à partir de 1969, a conquis le cœur des jeunes spectateurs, au point de marquer plusieurs générations et d'être décliné sous toute sorte de support: BD, jeux-vidéo, séries... Et bien évidemment, la technologie numérique aidant, le personnage se devait de conquérir le grand écran sous forme physique. Seulement, avant de critiquer l'objet à proprement parlé, il me parait préférable de revenir quelque peu sur les origines du projet et les règles à respecter pour porter la série à l'écran. Alors Scooby-Doo, c'est quoi?




D'abord, c'est un concept très limpide et à la formule assez répétitive: un groupe de jeunes dont la fonction et la caractérisation ne change JAMAIS, et ce, peu importe l'interprétation. Pourquoi? Parce que ça permet à n'importe quel public de pouvoir immédiatement mettre un nom sur leur visage, sans avoir besoin d'établir une bio mentale de chacun d'entre eux. Les personnages sont réduits à leur plus simple archétype, ce qui permet, en outre, de s'identifier à leur personnalité sans barrière, même pas l'âge qui reste assez flou. L'autre règle immuable à la série: ils vont toujours en groupe sur des lieux lugubres ou exotique, et leur action se déroule sur l'espace d'un journée. Enfin, le succès tient bien entendu à l'humour reposant sur le burlesque, le comique de situation et de caractère dont le duo Sammy/Scooby se taille la plus grosse part par leurs gags visuels et répliques emblématiques(au point d'avoir eu droit à plusieurs spin off et série à part). On notera que ces divers éléments se rapportent presque aux règles en vigueur dans le théâtre classique, qui veut qu'il y ait une unité de temps, de personnages, de lieux, et d'action (en se devant de mettre en scène des personnages auxquels le public peut s'identifier d'office). Mais bien entendu,, tout cela ne suffit pas à expliquer comment un concept aussi éculé ait pu survivre aussi longtemps (d'autant plus à une époque comme la nôtre qui interdit toute forme de simplification). C'est parce que l'identité de Scooby-doo, et qui perdure peu importe le contexte, est la démystification: en proie à des imposteurs, des escrocs ou même à certaines reprises à de vrais éléments surnaturels ou inexplicables, le but du "Scooby-gang" reste le même: détruire toute forme de superstitions. Qui plus est, comme beaucoup l'auront noté, le fait d'opposer un groupe de jeunes de différents horizons et tendance contre un monde d'adultes corrompus, interchangeables et vieillots (notamment les déguisements de monstres volontairement kitch) est ce qui permet à la série de garder un coté intemporel.


Ceci étant dit, parlons du film: le soucis majeur dans le fait de réussir une adaptation de Scooby-Doo, croyez le ou non, ne réside pas dans les moyens technologiques à employer, car finalement la série de base se voulait déjà volontairement kitch (bon pas comme si l'équipe avait le choix vu le micro budget qui leur était alloué) et finalement peu d'élément scénaristique empêcheraient le passage au film "live", hormis la modélisation du chien parlant. Le vrai problème a toujours résidé dans le choix du ton et du traitement à appliquer à l'intrigue et à l'Univers du métrage, de même qu'au public qu'il visait; un dilemme qui s'est posé dès le départ et qui explique à mon, l'échec du film, du moins en partie. Car on se rend compte, y compris dans sa promo, que le film de 2002 n'a jamais su exactement où se situer dans l'héritage de la licence et joue sur tous les tableaux: à la fois trop léger et trop adulte. Ce qui fait que ce produit ne convaincra ni les enfants qui ne retrouveront pas l'ambiance intelligente par moment et un peu naïve (voire stupide) à d'autre, ni leur parent qui ne pourront pas être transporter par l'aventure en retrouvant leur innocence tant le film déborde de cynisme et traite le sujet dans un esprit semi-parodique, à peine assumé. Car c'est de cela qu'il faut parler, le script étant passé entre les mains de divers scénaristes, amenant chacun un point de vue différent de la franchise, détenue par Warner Bros, suite à divers transaction. Au moment où le projet allait vraiment prendre forme, la saga venait de renaître de ses cendres grâce au succès de plusieurs films d'animation en direct DVD, ayant débuté par le cultissime "Scooby-Doo sur l'ile aux zombies" sorti en 1998. Le regain d'intérêt pour l'Univers sera tel qu'une série sera lancée dans la foulée, et obtiendra de nouveau un succès garanti, surtout en Europe.


Bref, à ce moment le studio sent que la franchise a le vent en poupe et optera pour un changement de ton général et du public cible, alors que l'adaptation n'a pas dépasser la session d'écriture, en faisant notamment appel à James Gunn (future coqueluche d'Hollywood avec sa trilogie 'les gardiens de la galaxie') pour retravailler le script. Ce dernier, en plus de son métier de scénaristique, n'était à l'époque surtout connu que pour son passif de réalisateur pour le studio la Troma, studio misant sur des films d'exploitation pas cher et volontairement nanardesque, avec quelques succès d'estime, dont le film "Super" (sorte de Kick Ass avant l'heure) et Slider, une petite série B avec des limaces mutantes. Autant dire qu'on n'est pas allé chercher Gunn pour son approche psychologique des personnages mais parce qu'il semblait le gars compétent pour donner une bonne dose de de délire et de second degré, en adoucissant volontairement un script jugé trop sombre à la base. Ce dernier affirmera pourtant à sa sortie avoir tenté de conserver l'esprit de la série originale.


Et avec ses informations en tête, le film est précisément ce qu'on pouvait redouter: une œuvre loupée de A à Z, car n'ayant pas su trouvé un axe fort, lui permettant de dépasser sa nature d'exploitation facile, ayant le mauvais goût de vouloir planquer sa vacuité derrière des vannes puériles et des FX d'une rare laideur (de même que la lumière par ailleurs) mais n'ayant même pas le cran d'aller au bout de sa démarche enfantin en voulant dans le même temps draguer un public ado voire franchement adulte par des allusions sexuelles à peine voilées et certains moments glauques (comme s'il essayait de parler au public de l'ile aux zombies).


En résumé, Scooby-Doo est l'exemple typique d'un film désastreux car aucun des membres de l'époque n'a réussi à trouver ce quelque chose qui permettrait de plonger le spectateur en enfance, trop occupés qu'ils étaient à capitaliser sur tout ce qui bouge.

Aegus
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le 28 sept. 2024

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