Il est difficile de définir à quel genre appartient The Final Girls. Pas suffisamment flippant pour être un film d'horreur, trop bien écrit pour être une parodie façon "insérez-un-genre-de-film-bankable-movie", pas assez décérébré pour être une comédie pour ados, trop léché visuellement pour n'être qu'une banale série B... On n'aimerait pas être le marketeux qui devra trouver à quel public fourguer l'ovni.
A la lecture du synopsis, on s'imagine en terrain connu, vu et revu, on se voit déjà pester devant un ersatz opportuniste de l'intouchable Last Action Hero qui s'attaquerait à l'univers du slasher, genre déjà largement exploité et décortiqué au cours des deux dernières décennies, que beaucoup ont déjà tenté de renouveler, bien souvent en vain.
Mais fort heureusement, The Final Girls ce n'est pas ça. S'il fallait lui chercher un parent éloigné, on lorgnerait plutôt du côté du premier Scream, méta slasher qui n'appartenait pas toujours non plus à un genre clairement déterminé.
Bien plus drôle et ne cherchant pas réellement à analyser ni même révolutionner le slasher, le film de Strauss-Schulson joue cependant sur un autre terrain.
Le film "à la Vendredi 13" dans lequel les personnages sont aspirés ne sert finalement que de décor, de ressort comique, d'outil scénaristique au service du rythme de cette histoire touchante de fille qui tente de sauver sa mère, évitant ainsi au film de pédaler dans la guimauve, soutenu en cela par un excellent duo d'actrices et des dialogues qui prennent soin de ne pas solliciter inutilement notre corde sensible.
Visuellement renversant, le film pourrait concourir au titre de plus joli slasher de l'histoire, les images et les couleurs du film dans le film sont traitées avec beaucoup de soin et évoquent parfois des films aux atmosphères oniriques ou poétiques comme Pleasantville, Truman Show, Donnie Darko, Powder ou même l'œuvre de Tim Burton. Et si le fan de gore sera certainement frustré et jugera probablement le film trop avare en boyaux et tripailles, il se consolera en retrouvant le bruit et l'odeur des premiers chapitres de la saga Vendredi 13, une ambiance restituée fidèlement qui taquine avec affection plus qu'elle ne parodie.
Avec The Final Girls, le réalisateur de Harold & Kumar 3D (de loin le mieux foutu et le plus mature de la trilogie) nous offre un spectacle étonnant, inclassable et racé, une comédie rythmée dont les gags font mouche, servie par un scénario malin qui transpire la sincérité et évite astucieusement de céder aux sirènes de la facilité.