Scrooge
6.6
Scrooge

Film de Ronald Neame (1970)

The nightmare before Christmas

Le soir de Noël, le vieux Scrooge (Albert Finney, époustouflant) n’en peut plus de tous ces « Joyeux Noël » et de toute cette joie qui n’est pour lui qu’une perte de temps. Quant à lui, rien ne peut le sortir de ses comptes réguliers, et l’éloigner de son argent bien-aimé. Sauf peut-être trois fantômes, comme vient le lui annoncer l'esprit de son ancien associé Jacob Marley (Alec Guinness). Trois fantômes qui viendront le visiter pendant la nuit, lui donnant une ultime chance de sauver son âme et de lui éviter l’enfer…


De tous les grands classiques de la littérature, Un Chant de Noël de Dickens est un des récits qui a été adapté le plus souvent au cinéma. On le comprend, tant il y trouve un magnifique support. Avec sa version, Ronald Neame se montre à son tour très fidèle à l’esprit de Dickens, nous offrant un film d’un classicisme qui ne lui a pas fait perdre une ride.
On compte toutefois quelques ajouts, mais sans aucune trahison, à commencer par les chansons de Leslie Bricusse, aussi belles que mémorables pour la plupart, qui s’adaptent parfaitement au contexte du scénario, les meilleures s’inscrivant dans la lignée d’Elgar ou de Vaughan Williams pour le plus grand bonheur de nos oreilles.
Mais les yeux ne sont pas pour autant délaissés, et c’est un véritable plaisir que de se plonger dans le Londres de 1860, plein de vie, que nous propose Ronald Neame, le réalisateur n’ayant pas lésiné sur les moyens pour placer d’innombrables figurants à tous les coins de rue. Ainsi, c’est tout le monde de Dickens qui prend vie sous nos yeux enchantés, porté par un Albert Finney au sommet de son art, dans ce qui est peut-être une de ses plus belles performances, l’acteur incarnant à la perfection le célèbre vieillard grincheux et avare, alors qu’il avait… 34 ans ! La magie du maquillage de George Frost et du jeu sans faille d’Albert Finney parvient toutefois à nous faire croire sans problème au spectacle qui nous est montré, d’autant que la photographie d’Oswald Morris restitue le scénario de Leslie Bricusse dans toute sa subtilité, sa noblesse et sa poésie. Dans de nombreuses scènes, la caméra réussit en effet à si bien capter la petite étincelle qui rend la fiction si réelle, revêtant tout le film d’une impressionnante authenticité.
Ainsi, à l’image de Scrooge replongé dans son passé, le spectateur vit l’instant présent aux côtés des personnages, rit de les voir rire, pleure de les voir pleurer, s’effraie de les voir s’effrayer. Il ne regarde plus le film, il le vit pleinement. Si bien que lorsque le film prend fin, on se demande si tout cela n’était qu’un rêve ou si on ne l’aurait pas bel et bien vécu. Et lorsqu’on essuie des larmes dont on ne s’était même pas rendu compte qu’elles avaient coulé, on se dit qu’un si beau rêve ne pouvait qu’être réel…

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le 13 févr. 2018

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Tonto

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