Depuis 1843, le roman de Charles Dicken, A Christmas Carol a été adapté tant au théâtre et à l’opéra qu’au cinéma. Cette nouvelle version d’un récit que l’on connaît par cœur ne s’adresse pas aux puristes avec son animation par ordinateur aux couleurs vitaminées et ses numéros de danse entraînants.
Ebenezer Scrooge (voix de Luke Evans) se veut menaçant, mais pas trop, dans ce film d’animation de Netflix destiné à des enfants de 7 ans et plus. Même si l’avare compte ses sous et s’avère sans merci lorsque vient le temps de collecter son dû, son cœur ne semble pas totalement sec. La présence du chien Prudence, que lui a confié son ancien associé Jacob Marley (voix de Jonathan Pryce), ajoute une touche d’humour et détend l’atmosphère.
Les fins connaisseurs reconnaîtront la musique et les chansons du compositeur Leslie Bricusse dans la comédie musicale Scrooge, qui date de 1970 et qui met en vedette Albert Finney. Il s’agit en effet d’un remake de cette production. Leslie Bricusse, mort l’an dernier à l’âge de 90 ans, figure au générique comme coproducteur. Les chansons, peu connues, ne sont pas plus mémorables 50 ans plus tard. Le réalisateur et scénariste Stephen Donnelly tire toutefois profit des possibilités qu’offre l’animation par ordinateur pour soutenir visuellement l’intérêt.
La personnalité glaciale d’Ebenezer Scrooge se transpose dans son environnement, qui se couvre de givre à son approche. Les entrées en scène du fantôme de Jacob Marley et des esprits du passé, du présent et de l’avenir sont impressionnantes. Le fantôme le plus original est celui à qui Olivia Colman prête sa voix. Cette guide dans les méandres du passé, qui prend la forme d’une chandelle de cire, se métamorphose habilement pour emprunter les traits de n’importe qui. Elle force Ebenezer Scrooge à se rappeler qu’il a déjà aimé. Les moments avec son ancienne fiancée Isabel Fezziwig (voix de Jessie Buckley) sont les plus touchants.
Dans cette version édulcorée du classique de Noël, menée à vive allure, la misère des pauvres en Angleterre, au milieu du XIXe siècle, est évoquée de façon superficielle, dans une profusion de couleurs pimpantes. Scrooge n’en ressent pas moins le vif désir de changer. En ce sens, il s’agit d’une introduction plus que convenable à cette inspirante histoire, qui donnera peut-être le goût aux jeunes de découvrir d’autres adaptations.