Season of a Witch (Hungry Wifes) est la troisième réalisation de Georges A Romero et c'est surtout un film bien étrange. Malgré son titre et son affiche le film est loin d'être un film d'horreur sur la sorcellerie même si il comporte quelques éléments fantastiques. Avec Season of a Witch le réalisateur de La nuit des morts vivants nous plonge surtout dans l'ennui d'une femme mariée de quarante ans coincée dans le conformisme d'une vie qui l'enferme comme dans une prison de conventions sociales.
Le film nous raconte donc l'histoire de Joan Mitchell une femme d'une quarantaine d'année, mariée et mère d'une fille déjà bien trop adulte. Une femme de la bonne middle class américaine dont les nombreux cauchemars révèlent un sentiment de malaise et d'abandon entre un mari toujours absent, une fille en partance et une jolie prison dorée en forme d'hideuse maison de banlieue squatté par des amies peroxydées et bavardes . Joan s'encanaille alors un peu avec une voisine sorcière et décide d'en devenir une à son tour.
Si Season of a Witch parle bien un tout petit peu de sorcellerie, le film de Romero reste avant toute choses un portrait assez banal d'une femme adultère étouffante sous le poids du quotidien et se cherchant dans la magie une légitimité à ses actes inconformistes. Le film de Romero est certes intéressant dans son propos assez féministe sur l'émancipation de la femme mais il est aussi et bien souvent d'un ennui mortel comme si il voulait épouser la morne vie de son personnage. Les scènes du quotidien de Joan avec ses amies, son mari, sa fille et ses états d'âmes sont plutôt soporifiques dans l'ensemble. Je préfère de loin toutes les nombreuses séquences oniriques un peu bizarres qui reviennent régulièrement dans le récit en montrant les rêves, cauchemars et obsession de cette femme au foyer. Dès la première scène qui sert de générique on est fasciné et amusé par une ambiance étrange faites de musique angoissante, de bruitages bizarre pour une symbolique appuyé d'une femme servante, soumise et maitresse suivant imperturbablement son mari plongé dans la lecture de son journal. D'autres scènes de ce type reviendront régulièrement comme lorsque Joan semble visiter sa propre maison et sa propre vie avec un agent immobilier qui lui fait l'article sur le confort de sa future vie carcérale entre télévision et carnet de chèques . Les obsessions de Joan qui vont de sa peur de vieillir au désir charnelle de voir un élément extérieur s'introduire dans sa vie de couple seront toutes symbolisé par les désirs inconscients et nocturnes de cette desperate housewive. Le film est loin d'être vain et inintéressants mais il est vraiment plombé par son rythme et quelques scène un peu ridicule comme un jump scare complétement raté avec le mari qui fait des abdos dans la chambre à coucher. Season of the Witch est un film singulier et bancal parfois captivant et parfois assez emmerdant , il alterne sans cesse le très bon et le plus anecdotique tout en étant traversé ici et là de quelques très bon moments de cinéma comme lorsque Joan se lance dans la sorcellerie sur la chanson Season of a Witch de Donovan.
Season of a Witch reste une curiosité à redécouvrir malgré son rythme et son tempo très pesant. George A Romero signe un film dont le message traverse le temps sans le moindre soucis mais dont la forme accuse un peu plus le poids des années.