L'intrigue de ce film tourne autour d'une femme au foyer, Joan Mitchell, délaissée par son mari et perdue dans le lien compliqué qu'elle entretient avec sa fille adolescente, qu'elle pense sans doute devoir aimer, mais dont la jeunesse la renvoie à sa propre vieillesse et à la peur de la mort.

C'est en accompagnant son amie chez une voyante/sorcière, qu'elle tombe sur un livre, qu'elle conserve tout le long du film. Celui-ci lui enseigne la manière de s'initier aux arts sorcellaires.

Poursuivie pas ses névroses, principalement dans ses rêves (et cristallisées par les entretiens avec son psy), que le réalisateur a montés en séquences non différenciées de la réalité, Joan cherche une porte de sortie à travers la sorcellerie.

Rapidement persuadée de l'existence des effets produits par ses sorts (rien ne le prouve aux yeux du spectateur), elle finit par s'effrayer de ce qu'elle s'imagine devoir payer en contrepartie et fait des rêves démentiels où elle doit se défendre contre un homme portant un masque de démon.

C'est ainsi qu'elle tue son mari, pour de vrai, un meurtre absurde.

A cette occasion, on a le droit à un flashback qui nous montre la cérémonie d'accueil de l'impétrante Joan dans un groupe de sorcières, dans une ambiance très wicca (d'ailleurs, toute l'esthétique du film est à fond seventies). Ce groupe ne semble pas comporter de jeunes filles mais plutôt des femmes de l'âge de Joan.

Dans la scène finale, (un peu difficile à interpréter, peut-être), sous forme d'épilogue, on voit apparaître Joan lors d'une soirée, dans un attirail de sorcière, invitée par son amie comme curiosité. Cela rejoint la scène du début, où la même amie parlait d'une sorcière, celle qui plus tard avait initié Joan.

Je crois que l'on peut facilement être tenté de dire que derrière le film fantastique-psycho et hommage à diverses œuvres du genre et avant tout Rosemary's Baby, on peut lire un discours féministe.

Personnellement, je vois le vieux discours à propos de la femme hystérique. Lors d'une scène particulièrement marquante impliquant un faux joint de marijuana, l'amant de la fille de Joan tente de prouver que la sorcellerie est œuvre de suggestion, qu'on voit ce qu'on croit. On devine aisément que c'est également le point de vue du réalisateur, puisqu'il invite le spectateur à comprendre que Joan délire plutôt que de laisser la question en suspens.

C'est une perception très traditionnelle de la sorcellerie, que Benjamin Christensen dénonçait déjà en 1923 dans son film Haxan, la sorcellerie à travers les âges, mais aussi une vision à l'inverse du féminisme, ce dont on se convaincra en lisant par exemple De la domination masculine de Pierre Bourdieu.

D'un autre côté, on peut interpréter comme une dénonciation de la domination masculine le fait de donner à voir une femme dont le psychisme est déréglé par son besoin de plaire (elle se voit démesurément ridée) et la domination de son mari. L'épilogue est alors à voir comme la passation du pouvoir (celui de se libérer), en enseignant la sorcellerie.

En tous les cas, j'ai passé un très bon moment avec ce film, au décor soigné et à l'originalité inattaquable :-)
Sarah_Connor
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le 20 juin 2011

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Sarah_Connor

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