The Untold Story
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le 31 janv. 2022
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Chris Huo, c’est un réalisateur chinois qui dynamite à chacun de ses films le petit monde du DTV chinois pour plateformes de SVOD. Parfois appelé le « Michael Bay des DTV chinois » par les amateurs, on sent que Chris Huo a été biberonné au cinéma de Hong Kong. Avec ses polars tels que le très bon Hunt The Wicked (2024) ou le très sympathique Blind War (2022), il rendait déjà hommage à tout un pan du ciné HK des années 90 et 2000. Avec son nouveau film, Second Life, c’est au cinéma d’arts martiaux de l’ex-colonie britannique auquel il fait référence, ne serait-ce que parce qu’il donne la vedette à la seule « Little Fortune » féminine de l’Opéra de Pékin, « grande sœur » de Jackie Chan ou de Sammo Hung, la vétérane Yuen Qiu que le grand public a découvert en gérante aux bigoudis dans l’excellent Crazy Kung Fu de Stephen Chow, une des nombreuses inspirations de ce Second Life qui est peut-être à ce jour le meilleur film de Chris Huo. Car oui, une fois de plus, Huo fait franchir un nouveau pallier aux DTV chinois avec ce film qui va sans cesse citer passé et présent, car c’est grâce au passé que le présent est ce qu’il est, surtout en matière de cinéma.
En effet, il y a dans Second Life de nombreux éléments passé / présent qui se font écho. Il y a la culture traditionnelle et le nouveau style chinois ; il y a les anciennes et les jeunes générations de stars ; la médecine traditionnelle chinoise s’oppose à la médecine occidentale ; l’opéra chinois est confronté à la musique moderne ; ou encore les armes blanches du passés et les armes modernes. Mais même le titre semble faire écho à quelque chose que l’on constate aujourd’hui, avec ces stars du passé qui trouvent un second souffle, ou plutôt une deuxième vie (comme le titre), dans ces DTV chinois. Est-ce que ce titre Second Life renvoie réellement à cela, sachant que la traduction littérale du titre chinois pourrait être « Revoir le jour » ? Peut-être. Mais une chose est sure, c’est que Chris Huo met dans son film toute cette culture qu’il semble avoir emmagasiné en enchainant les films de Hong Kong durant sa jeunesse, cinquante ans de cinéma qu’il mélange parfaitement ici dans cet hommage bienveillant envers les films d’arts martiaux de Hong Kong, plus particulièrement les kung fu comédies, nous montrant que tout cela peut parfaitement se mêler aux standards des DTV chinois d’aujourd’hui, sans forcément avoir besoin de confronter deux époques, juste en étant respectueux de ce passé, et surtout en faisant les choses correctement. Cette réussite, on la doit particulièrement au casting qui est excellent, en particulier au duo principal formé par Yuen Qiu et Philip Ng (City of Darkness, House of Fury) qui possède une réelle alchimie et dont le timing comique fonctionne à la perfection. Voir Philip Ng se faire corriger par Yuen Qiu pendant une bonne partie du film est source de plusieurs très bons gags. Leurs personnages fonctionnent également car Chris Huo prend le temps de les travailler, de les caractériser, de leur amener un minimum de profondeur. Et ça donne aux scènes plus dramatiques un côté réellement touchant, avec en plus une Yuen Qiu qui se donne à fond et qui nous propose un jeu vraiment convaincant. Chris Huo est presque le seul à faire des DTV chinois qui dépassent 1h45, justement parce qu’il prend le temps de bien faire les choses, de poser ses enjeux, de donner un minimum de substance à ses personnages quand il y en a besoin.
Huo continue de mettre plein d’effets visuels et de mise en scène qu’il apprécie particulièrement, mais alors que dans ses films d’action, cela finissait parfois par en devenir putassier, ici ça colle parfaitement aux scènes comiques de Second Life, souvent bien exagérées, amenant un certain fun à l’ensemble. Sa mise en scène est survitaminée et il arrive à trouver le parfait dosage entre action et comédie, mais aussi drame car derrière l’aspect bouffonnerie bourrine que nous vendent certaines des bandes annonces du film, se cache une histoire plus douce, plus tendre, traitant des thématiques de la maternité retrouvée, de la maladie, du passé qui ressurgit ou tout simplement de l’amitié. Les scènes martiales sont très toutes très bien fichues, l’accent est mis sur les chorégraphies le plus souvent très inventives, Chris Huo s’amusant sans cesse avec les éléments du décor pour amener une certaine fraicheur. Il tire très bien parti des compétences martiales de Philip Ng, mais également de Yuen Qiu qui, du haut de ses 75 ans assure encore le spectacle, réalisant une grande partie de ses échanges de coups elle-même, se montrant encore très souple. Ces scènes d’action sont clairement un des points forts du film, et bien que certains reprocheront sans doute une fois de plus à Chris Huo de chercher à trop à les rendre mobiles et intenses, avec sa caméra quasi sans cesse en mouvement, il faut malgré tout avouer que le résultat est juste très bon, et surtout très fun car c’est sans cesse des plus inventifs avec des objets insolites, comme une gigantesque armoire à pharmacie qui devient une arme. D’autant plus qu’il y a de l’action tout le long, à intervalles très réguliers, et cette action a une grande résonnance dans la narration, puisqu’elle est la catharsis émotionnelle et le prolongement de l’histoire et pas juste des moments de fights posés ci et là pour faire plaisir à l’amateur. Le combat où la femme assassin se présente à la clinique de médecine chinoise et le combat final où les deux héros, ayant perdu leur vue, luttent ensemble contre divers sbires, sont parmi ce qu’on a vu de mieux depuis longtemps aussi bien dans les DTV chinois que dans le cinéma chinois de manière générale, Hong Kong y compris. Alors oui, nous sommes ici dans une comédie d’action avec un côté très cartoon / slapstick qui renvoie souvent du côté de films tels que Crazy Kung Fu de Stephen Chow, mais il sait être sérieux pile quand il le faut pour donner de la puissance à son récit et impliquer le spectateur du début à la fin.
Après le très bon Hunt The Wicked, Chris Huo remet le couvert avec une très bonne comédie d’action, à mi-chemin entre nostalgie et modernisme. Un hommage sincère au cinéma d’arts martiaux de Hong Kong et surtout un DTV chinois de très bonne facture !
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-second-life-de-chris-huo-2024/
Créée
le 26 sept. 2024
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