Abstention !
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L'inconvénient, avec le succès, c'est qu'on est un petit peu obligé de le poursuivre en allant toujours plus loin, plus haut et plus fort. Voilà la situation d'Albert Dupontel, naguère seulement outsider iconoclaste, depuis Adieu les Cons, mais surtout Au Revoir Là-Haut.
Second Tour ne pouvait qu'être vissé sur les mêmes rails.
Sauf que l'on sent Albert bien embêté.
Car à l'évidence, tous les éléments de ses films récents sont à l'image : le sourire, la tentative de duo, ce monde légèrement déconnecté par instant, quelques émotions et une certaine forme de sincérité de sa part dans son propos.
Mais l'on sent bien que quelque chose cloche cette fois-ci. Trop écrit dans sa volonté de sortir de la punchline ? Trop alambiqué dans son intrigue ? Trop erratique dans les personnages auxquels le film s'intéresse ?
Un peu de tout cela à la fois, sans doute, comme ci Albert, en 2023, n'avait pas trouvé le liant du monde qu'il veut dépeindre, un peu moins déconnecté du nôtre, avec un peu moins de grains de folie douce et attachante.
Et si le masqué a pourtant apprécié ce Second Tour, jamais il ne pourra le hisser, avec toute la bêtise dont il a parfois le secret, au niveau des derniers opus d'Albert. Parce que tout simplement, ce dernier n'a pas trouvé l'alchimie de son intrigue, ou encore la sève de son duo qui ne marche qu'à moitié et n'est pas toujours exploité. Car si Nicolas Marié porte toujours l'aspect candide de l'entreprise, comme dans Adieu les Cons, Cécile De France, quant à elle, soutient un personnage comme en demi-teinte, qui n'existe finalement que par sa situation initiale de journaliste déclassée.
Quant au demi-mystère entourant ce candidat-kaléidoscope providentiel à la présidence de la République, il est malheureusement déjà grillé dès les premières minutes du film, tant dans ses objectifs que dans son histoire personnelle et ne convainc jamais totalement. On a l'impression qu'Albert touche du doigt la bonne idée, sans pour autant savoir comment l'appréhender de manière percutante et / ou émotionnelle.
Et si ce personnage reprend la thématique du costume trop grand pour lui, comme l'avait parfaitement exploité Enfermé Dehors, il illustre le glissement d'Albert et du regard qu'il porte sur le monde. En effet, hier, anar sale gosse, l'acteur réalisateur scénariste est devenu aujourd'hui, avec Second Tour, une sorte d'utopiste désenchanté.
Et s'il reste au terme de l'élection de l'humour, des bons mots, une absence d'ennui et le sentiment d'avoir tracté pour un candidat qui n'était pas mal, il reste aussi quelques regrets quant à quelques promesses de campagne non tenues.
Comme à chaque fois en politique, quoi.
Behind_the_Mask, qui est fort en labiales grâce au foot.
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le 26 oct. 2023
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