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Albert Dupontel est de ces cinéastes qui donnent régulièrement de leurs nouvelles, sans pour autant enchaîner films sur films (en tant que réal j’entends). Il met du temps à mener des envies, des idées, à terme. C’est ce qu’il avait confié lors de la sortie de son avant-dernier métrage *Adieu les cons* (« confusion mentale » pour citer ses mots). On peut trouver en cette personnalité un peu à part un écho dans ses personnages, souvent burlesques assez comiques, mais plus profondément sincères voire tragiques. C’est ce que j’avais retenu d’*Adieu les cons* justement, quand bien même le film me perdait souvent, il me rattrapait notamment là-dessus.

Et voilà que l’humoriste – acteur – scénariste – réalisateur sort une nouvelle comédie dramatique : *Second Tour*, dans laquelle il incarne un politicien, un peu trop lisse pour ne pas cacher… bien des choses…

Eh bien moi, je ne vous cacherai rien… et en 60 secondes, s’il vous plaît !


Ah, là lààà… la poésie visuelle : voilà un truc qui me plaît, qui me stimule, bref qui m’intéresse. Le premier risque généralement c’est de n’avoir que la qualité esthétique sans servir la narration (on est alors plus proche d’une pub ou d’une bande-démo technique quelconque). Le deuxième risque serait plutôt de n’avoir pas de qualité esthétique (une poésie pas belle, de la crotte – ça arrive). Le troisième risque ça pourrait être les deux. Hélas, on se situe dans le troisième type selon moi avec Second Tour, au moins en partie.

Allons, ne soyons pas trop dur. Le film de temps en temps me récupère, parce qu’il reste une fable intéressante dans laquelle la joliesse de certains plans, de certaines scènes, sont à même de ramasser mon attention en me donnant de quoi faire travailler mon imagination ; notamment tout un passage dans les Cévennes. Mais le problème tient du fait que le tout est trop brouillon pour emporter mon adhésion. J’ai trop de mal à suivre l’histoire et les aventures de nos personnages (Cécile de France et Nicolas Marié, très drôles). Je ne comprends que partiellement ce qui se passe, seulement la trame initiale [bon ça c’est aussi parce que je suis un peu teubé, mais passons] ; tout ce qui fait la sève artistique de ce film – tout le processus filmique, les choix de découpage, de montage etc – me laisse en-dehors. Et c’est frustrant ! Parce que j’ai envie d’aimer ce film, j’ai envie d’aimer ce qu’il me propose. Mais rien n’y fait.

Je reprends l’exemple cité plus haut, tout le passage dans les Cévennes. Ici Dupontel, sans pour autant abandonner le socle politique de son histoire, le laisse néanmoins au second plan me semble-t-il ; il efface sa prédominance narrative en tirant de son récit des thèmes qui me paraissent être chers à son cinéma : la quête d’identité (ici le lien entre PHM et son frère qui apparaît à mi-parcours), du lien parental, familial – la maternité, la paternité. La note d’intention qui plane sur une bonne partie de sa filmo ressurgit ici, dans une mise en scène qui laisse de côté ses effets de manches qui me perdaient pas mal jusqu’ici. Le film s’achève dans la joliesse d’écriture et de filmage que l’on connaît de son auteur et cinéaste depuis Bernie en 1996 (il a réalisé *Désiré* qui est un court-métrage en 1992).

En bref, le film me perd avec ses effets de style dans lesquels j’ai l’impression qu’Albert se perd lui-même (mais pourquoi cette caméra tourne rapidement autour de Mr. Robard et Nathalie pendant le champ-contre-champ qui filme leur dialogue??), même si notre réalisateur a visiblement encore bien des choses à raconter et à filmer. Aller, ça va l’faire !


(‘‘ eh, c’est bien dommage quand même ; non je suis déçu parce que je sens que lui et moi, ça peut l’faire ; d'autant que j'ai aimé 9 mois fermes de ce que je m'en souviens et puis j'ai rattrapé Bernie récemment et c'est d'la balle !’’)

Popoewmeow
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le 13 nov. 2023

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