On ne peut pas pondre Les hommes du président à tous les coups. Pourtant, ce film marche résolument sur la voie ouverte par de glorieux aînés de ce genre, qui font la démonstration de la corruption des élites par le biais des mésaventures d'une personne intègre et courageuse qui a levé le lièvre. Ici, un reporter d'un journal modeste embringué un peu par hasard dans l'acquittement d'un trafiquant de drogue et qui va s'acharner à tirer toutes les ficelles de l'affaire, jusqu'à démontrer que la CIA a organisé, financé et protégé le trafic de crack qui a causé des ravages inouïs notamment dans la communauté noire de Californie. Tout ça pour dégager des fonds illégaux (le Congrès avait refusé un financement dans les règles) pour magouiller au Nicaragua et favoriser, comme les États-Unis l'ont si souvent fait, un régime non-démocratique favorable à leurs intérêts. Désormais, ce genre de révélation tient de la routine, hélas. Mais, si ce film fait acte de salut public, parce que le scandale du financement des Contras par ces moyens répugnants est passé au 2nd plan à cause de l'affaire Monica Lewinsky, à l'époque, il peine à palpiter vraiment le spectateur. Bien sûr, on voit l'impact de l'implication du journaliste sur sa vie de famille, on tremble un peu à considérer les menaces qui pèsent sur lui, et on s'indigne de le voir trainé dans la boue par des services secrets dévoyés mais, au final,
son discours larmoyant devant un parterre de journalistes tout penauds fait un peu flop.
Trop sentimental et convenu. Et surtout mal amené. L'incontournable petit épilogue du générique montrant une petite vidéo du héros méconnu jouant avec ses enfants vient encore enfoncer le clou... Rien de très original, donc, ni pointu, ni sensationnel. Bon, la corruption n'est pas un sujet léger, j'en conviens, mais un film aussi linéaire ne risque pas de mettre ses ravages au centre du débat public.