Le deuil lui va si mal...
Outre le prix d’interprétation féminine à Jeon Do-Yeon, ce film aurait pu recevoir également le prix de la mise en scène et celui du scénario. Trois qualités essentielles pour un film qui ne l’est pas moins. Véritable plaidoyer sur l’isolement humain, ce drame intimiste nous touche autant qu’il nous interroge. Le parcours mélodramatique de Shin-Ae est surexposé pour mieux en sortir la quintessence du propos à savoir comment soigner une blessure indélébile de la vie. Faire revivre à travers son passé l’être disparu ? Se plonger dans une foi excessive ? Détruire ? S’abandonner ? Lee Chang-Dong analyse méticuleusement ces étapes, les décortique sans vraiment apporter de réponse simplement parce qu’il n’y en a aucune. C’est un véritable enjeu cinématographique qu’il nous propose avec intelligence et beaucoup d’humanisme. Et malgré la durée, l’on ne s’ennuie jamais tellement le récit nous hypnotise, nous imprègne. Certes, il y a une certaine pesanteur qui pourrait rebuter certains spectateurs, mais l’ensemble est particulièrement culotté. Et puis il y a Jeon Do-Yeon. Elle est totalement investie dans son rôle qu’elle porte jusqu’à l’épuisement. Elle affiche une telle force dans les contradictions de son personnage qu’elle le rend lumineux et poignant.