Secrets de famille par cherycok

Après le très fun Joyeuses Funérailles (2007) de Frank Oz dont je vous ai parlé il y a quelques temps, nous allons nous intéresser aujourd’hui à une autre comédie légèrement noire sur les bords, à savoir Secrets de Famille (2005), réalisé par Niall Johnson (Mum’s List, The Stolen) dont c’est le 3ème film. L’humour noir est une tradition britannique dans la comédie, et ils nous ont maintes fois prouvés leur talent en la matière. Il va une fois de plus en être question ici, même si on sera malgré tout dans quelque chose de plus léger avec une ambiance de campagne anglaise des plus réjouissantes. La sauce ne va malheureusement pas complètement prendre, même si le résultat final est réellement sympathique.

La famille Goodfellow est en apparence une famille modèle. Le père de famille est le pasteur du petit village, toujours gentil, toujours à l’écoute des petits tracas quotidiens des habitants, réunissant chaque dimanche dans sa paroisse un petit groupe de fidèles habitués. Sa femme est la mère de famille exemplaire, toujours bien habillée, toujours souriante, s’occupant de ses deux enfants. Ces derniers font également bonne figure. Bref, ils sont aimés de tout le village. Mais chacun a ses petits travers. Mr Goodfellow s’intéresse tellement à sa foi qu’il délaisse sexuellement sa femme ; cette dernière semble de plus en plus craquer aux avances de son beau professeur de golf ; leur grande fille change de petit ami comme de chemise ; et leur fils est constamment chahuté par ses petits camarades à l’école. L’équilibre de ce cocon familial semble précaire, jusqu’au jour où leur nouvelle gouvernante va arriver. Cette vieille dame, c’est Grace, à priori bien sous tout rapport mais qui cache un très lourd secret : elle règle les problèmes de manière un peu trop radicale, en se débarrassant de manière pure et simple de quiconque en posant un. Et du coup, il va y avoir quelques chamboulements dans la vie des Goodfellow.
Secrets de Famille va beaucoup jouer sur l’opposition entre le côté sympathique des personnages et les secrets parfois sombres qu’ils cachent. La réalisatrice va d’ailleurs utiliser plusieurs acteurs à contre-emploi. Maggie Smith, agréable petite mamie, va se révéler être une meurtrière pas très stable ; Patrick Swayze, habitué aux rôles de séducteur sentimental, va incarner ici un professeur de golf qui ne pense qu’à voir l’entrejambe de ces dames ; ou encore Rowan Atkison qui incarne un personnage calme, serein, à l’opposé de celui de Mister Bean qui l’a rendu célèbre. Clairement, certains acteurs foncent la tête la première dans l’autodérision et y prennent un certain plaisir.

L’ensemble du film est assez prévisible et les rebondissements n’ont clairement rien de surprenant. Néanmoins, ce mélange de légèreté et d’humour est assez drôle. On ne rit jamais aux éclats, le film ne semble d’ailleurs pas avoir cette prétention, mais il y a constamment cet humour léger qui nous donne le sourire en coin. Au final, l’humour noir n’est présent que de façon épisodique, tout comme les petites touches de cynisme qui se font bien trop rare. Secrets de Famille s’attarde sur des situations saugrenues mais auxquelles le commun des mortels pourrait être confronté. Du coup, il est vrai que le rythme du film n’est pas des plus trépidants avec une mise en place qui traine un peu en longueur. Néanmoins, la bonne humeur générale qui règne et l’enthousiasme de la majorité des acteurs permettent de pallier à ces problèmes de rythme, d’autant plus qu’ils sont très bons et incarnent des personnages bien écrits. La mise en scène du film est simple mais plutôt bien emballée. Aucune fulgurance mais ça fait le job sans aucun souci. Lorsque le film s’achève, on n’a pas l’impression d’avoir vu un grand film mais on est certain d’avoir malgré tout passé un plutôt bon moment.

Avec son humour calme et parfois décalé, Secrets de Famille est un divertissement plutôt honnête bien que loin des meilleures comédies noires anglaise. Une comédie aussi plaisante qu’oubliable, mais servie par des acteurs en grande forme.

Critique originale : ICI