Rien ne sera jamais plus comme avant
Selon Charlie est un film aussi troublant qu'authentique, mettant en scène 7 personnages en quête d'eux-mêmes. Ils se croisent, s'approchent, se loupent puis se rencontrent au gré de la vie. Se quittent, laissant derrière eux leur existence d'avant, leurs croyances et leur quotidien.
Des univers pourtant différents. L'un est maître-nageur, l'autre maire, encore un autre prof de science nat, y a un petit voyou à la semaine aussi. Les "choses de la vie" vont par moments les rapprocher, ou du moins les faire se voir, parfois sans un mot, sans un regard ou juste une parole futile.
Charlie est le dénominateur commun (DC) à presque tout ce beau monde. Enfant de 11 ans, il est renfermé sur lui-même, parle très peu, à voix basse, discret, l'air triste. Dans son monde. C'est le fils de Serge (Vincent Lindon), le maître-nageur. Il trompe sa femme. Son fils le sait, il est son alibi.
Pierre (Benoît Magimel) est le prof de svt de Charlie. Il voit sa vie être secouée lorsque Mathieu (Patrick Pineau) revient dans sa ville natale pour un colloque. Les deux hommes se connaissent du passé. Mission au Pôle Nord ensemble. Puis Pierre s'est rangé dans une petite vie de fonctionnaire alors qu'il rêve de repartir à l'aventure. Mais y a Nora (Minna Haapkylä), sa femme. Rigide, froide et dure avec lui. Pourtant elle le trompe...avec le père de Charlie (rappelez-vous plus haut).
Voilà déjà une imbrication entre les personnages.
Charlie > Pierre > Nora > Serge ...
...tous sont liés par le DC qu'est le petit enfant chétif.
Et puis y a le Maire (Jean-Pierre Bacri), irascible et misanthrope. Du moins au départ. Aucun lien avec Charlie. Pas directement.
Il accueille la délégation pour le colloque dans un manoir. Mathieu, le chercheur, n'apprécie pas ses manières de faux-cul. Indifférence et ignorance.
Maire > Mathieu > Pierre > Nora > Serge > ...et enfin Charlie
...on trouve le liant de fil en aiguille. Le Maire jusqu'à Charlie. Une nouvelle fois.
Ceux qui ne se connaissent pas directement le sont par l'entremise du petit garçon qui est la pièce centrale de l'histoire. On s'en rend compte, bien évidemment, au fur et à mesure que la trame se dévoile. Les personnalités s'affichent, s'exacerbent, se défont, sont mises à mal, se brisent, se confrontent, se font face. Rien ne sera plus jamais comme avant.
Nicole Garcia dresse des portraits masculins en quête de sens, d'humanité, de place. Elle met à mal les assises des uns et des autres dans la sphère sociale et privée. Rien ni personne ne sera épargné par le choc des confrontations, la dure réalité de la remise en question de sa vie, son existence, ses certitudes, ses habitudes.
Ce film choral est touchant, parfois poignant, mais surtout il nous renvoie à notre propre moi, nos choix, notre trajectoire voulue ou subie. Il donne à réfléchir sur nos actes, nos dérives, notre égoïsme, nos malheurs et nos envies.
En somme tout ce qui fait la vie d'êtres humains. Homme ou femme.
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