à la recherche du coupable idéal
[SanFelice révise ses classiques, volume 7 : http://www.senscritique.com/liste/San_Felice_revise_ses_classiques/504379]
Tom Farrell (Kevin Costner), officier de l'armée américaine, est employé par le ministre de la défense, David Brice (Gene Hackman), dans une situation où l'atmosphère est pour le moins tendue. En effet, Brice est en conflit ouvert avec un sénateur et la CIA au sujet d'un projet contesté de sous-marin invisible.
Sans le savoir, Farrell et Brice ont un point commun : Susan Atwell (Sean Young, dont la coiffure est une telle atteinte au bon goût que ça devrait être interdit par la constitution). Elle est la maîtresse des deux hommes, jusqu'à ce que le ministre, dans un accès de colère, ne la tue.
Commence alors un véritable complot, et Farrell va se retrouver dans une situation de plus en plus inconfortable.
C'est à ce moment-là, aussi, que le film prend un nouveau rythme. En effet, le début est pour le moins lent et l'histoire d'amour Farrell-Susan ne nous épargne pas les nunucheries et les lieux communs. La situation met du temps à prendre sa place, et il faut attendre presque la moitié du film pour que l'action commence vraiment.
Mais à partir du meurtre de Susan, le film prend un autre rythme. Nous sommes alors dans un vrai thriller, avec une forte dose de suspense. Et même si la réalisation n'a rien de génial ni d'original (on peut même dire que son statisme ne sert pas le film en général, comme dans la scène de course-poursuite, qui n'a rien de passionnant), le résultat est quand même suffisamment tendu pour être très prenant.
En plus, on sait tous que dans ce genre de film, une place très importante revient au méchant. Et ici, si le ministre paraît parfois un peu dépassé par les événements, le rôle du grand méchant taré et sadique est tenu par le personnage de Scott (Will Patton), homosexuel frustré qui met toute son énergie à défendre son patron (dont il est amoureux ?). Farrell, quant à lui, a l'air bien angélique, mais il n'hésite pas à employer, quand ça l'arrange, des méthodes peu légales, comme façonner de fausses preuves.
L'enquête est suivie dans les moindres détails et avec une grande minutie. le scénario est assez bien construit : chaque nouvelle étape de l'enquête est une menace de plus contre Farrell. Et il est assez drôle de suivre les premières utilisation d'ordinateurs antédiluviens pour une enquête.
Mais outre l'aspect thriller, il y a aussi un côté politique assez sympa dans ce film. Il se déroule presque entièrement au Pentagone et montre que les relations entre agences, en particulier l'Armée et la CIA, sont loin d'être agréables et détendues.
Pire, le film montre comment des personnes haut placées détournent les services de l’État pour leur bien personnel. Que les moyens de l'Armée soient utilisés pour couvrir un meurtre, semble être une logique absolument évidente. D'où la question : fait-on de la politique pour soi-même ou pour l’État ?
S'entame aussi tout un jeu sur la manipulation de la vérité. Ne gagnera que celui qui aura le coupable idéal à présenter au grand jour (et, après tout, peu importe si ce coupable est vraiment le meurtrier, l'essentiel, c'est qu'il en ait l'air).