Ironiquement, le titre français a l'art étrange de s'opposer au titre original (No way out signifiant "sans issue"), mais ce qu'il faut voir avant tout dans cet excellent thriller d'espionnage, c'est son scénario ingénieux qui use d'un procédé de narration à double action où Kevin Costner (qui venait de triompher dans les Incorruptibles) se débat au milieu de fausses vraies preuves en enquêtant sur un meurtre dont tous les indices le désignent comme coupable. C'est un scénario tortueux au piège infernal et à tiroirs, nourri d'une série de rebondissements, de péripéties palpitantes avec un suspense soutenu, et qui va de surprise en surprise jusqu'à l'imprévisible dénouement au coup de théâtre final renversant. Le réalisateur revient un peu à cet espionnage mensonger et cynique qu'on voyait dans des films comme L'Espion qui venait du froid, la Lettre du Kremlin ou Le Secret du rapport Quiller. Au passage, il livre un témoignage critique sur la vie politique américaine, car dans les couloirs du Pentagone, les mots "corruption", "chantage", "meurtre" ou "pressions" n'ont plus aucune signification, les uns luttent pour le pouvoir, d'autres s'y raccrochent, et ceux qu'on imagine à l'écart d'un tel combat, sont en fait en plein coeur de celui-ci ; Gene Hackman est redoutable en secrétaire d'Etat retors, et Will Patton se faisait remarquer pour la première fois dans le rôle de son assistant combinard. Un vrai bon film politico-policier sur fond de Watergate new look.