En 1982, Ted Kotcheff et Sylvester Stallone livraient le portrait d'un ancien soldat brisé de retour dans un pays qui ne veut pas de lui. Et si le cinéma français avait trouvé son équivalent ? C'est la question que l'on peut se poser en regardant le film de Mathieu Gerault.


Le réalisateur nous fait le portrait de trois hommes liés par la même opération qui a déraillé et propulsés du jour au lendemain dans le civil. Sauf qu'ils sont ravagés. Gerault les différencie avec un traumatisme spécifique. Le personnage de Niels Schneider est peut-être revenu intact (au même titre que John), mais tout s'effondre à l'intérieur. Il n'a que la guerre en tête et quand il est seul, il sombre dans l'alcool, la violence et d'autres problèmes se font ressentir. Les personnages de Sofian Khammes et Thomas Daloz sont de véritables épaves en comparaison, brisés physiquement (pour le premier) et psychologiquement (pour le second).


Gerault aurait pu se contenter de faire un drame social où la guerre n'est pas montrée, mais racontée et entendue (avec quelques bribes vidéo de la vie en communauté). Pourtant, il réussit à y mêler une pure intrigue de polar avec une histoire de drogue au sein de la dite opération. Dès lors, on comprend que la vie à l'armée tant idéalisée par Schneider au départ (il veut à tout prix repartir au front, car il a la guerre dans le sang et aucune attache dans la vie) ne tenait qu'à un fil et que même le modèle qu'il avait (son commandant joué par Denis Lavant) n'est qu'une illusion. Gerault montre alors un idéal tombant en morceaux, avec des personnages obligés de repartir de zéro sous peine de sombrer définitivement dans le désespoir ou la folie.


La réalisation s'avère plutôt posée, même si elle est plus pugnace sur les rares scènes d'action. Si Sentinelle sud n'est pas aussi spectaculaire que Rambo, il n'en reste pas moins très proche dans son portrait de bidasses à la dérive, lâchés par une hiérarchie qui se fout d'eux jusqu'à leur refiler des miettes à leur retour au pays. Des gens qui n'ont au départ que peu de repères de base et n'en ont rapidement plus du tout. Un film à la croisée des genres poignant superbement interprété.

Borat8
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le 18 mai 2022

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le 18 mai 2022

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