[Festival du film coréen 2016 à Paris - Jury SensCritique]


Malgré mon ras-le-bol sur la mode «  zombies  » dans à peu près tous les domaines culturels, « Dernier train pour Busan » (pour rester dans le coréen) n'était finalement pas mal du tout à défaut d'être original, et ce Seoul Station m'a intrigué, de part son format  : c'est un film d'animation, donc qui dit animation, dit souvent plus grande liberté visuelle et imaginaire, qui va souvent de pair avec l'aspect scénaristique. Alors pourquoi pas, les animes dans ce délire là sont finalement très rares.


Si les décors sont plutôt jolis avec un éclairage de qualité, je me suis vite rendu compte que j'avais affaire à une sorte de film en synthèse (plus précisément en « Cell Shading ») en observant les personnages et certaines textures de décors. Or, sauf exceptions, je n'aime pas du tout la synthèse, même si elle est parfois savamment mixée avec du « vrai dessin » dans certaines œuvres.
Alors le rendu est certes correct mais pour chaque expression de visage ou animation de personnages, j'étais ennuyé : On dirait un jeu Telltale, boite derrière l'adaptation en jeu vidéo de The Walking Dead. En effet, l'aspect global fait très jeu vidéo, avec des animations rigides et des changements d'expression très brutaux. Pire encore, lorsque les personnages bougent rapidement, un genre de « motion blur » (effet de flou) a été rajouté ; une sorte de cache-misère pour planquer le fait que les mouvements soient mal animés. On le voit assez quand les personnages courent comme des piquets avec une expression de peur figée comme des PNJ de GTA.
Effet immédiat : sourire aux lèvres alors que certaines scènes de poursuites sont justement sensées nous faire éprouver de la tension. A la place, j'avais des piquets en 3D hurlants aux monstres, embarrassant je dois dire...
Et je continue sur l'aspect jeu vidéo, lorsque j'ai aperçu que les civils ou même les zombies étaient strictement identiques avec 3 variantes ; Par exemple, les zombies m'ont rappelé directement ceux de Resident Evil 2 : les tâches de sang aux mêmes endroits, les mêmes fringues, les mêmes couleurs, les mêmes tronches...
Alors, ok je suis un peu difficile avec l'aspect visuel du film, mais j'attendais tellement plus d'un film d'animation de 2016, avec une thématique pareille... ! Il n'y a strictement aucun naturel dans les animations, aucune folie, aucune inventivité. Tout est dans le minimal. J'imagine que c'est un manque de moyen, mais certains points sont tout de même impardonnables et vont jusqu'à casser la tentative de crédibilité de l'univers proposé (qui prend tout de même place à Séoul, pas à Raccoon City...).


Mais si tous ces défauts servaient une histoire intéressante... A croire que l'aspect visuel raté justifie le ratage du reste.
Les clichés et les défauts d'écriture s’amoncèlent, les personnages en carton aussi. On ne sait évidemment pas du tout d'où provient l'épidémie, et chaque tentative d'humour ou d'émotion tombe à plat tant elles sont grossières.
On est vraiment dans le film de zombie classique, sans prise de risque, avec certes, une critique adolescente de la société mais qui n'a pas suffit à me convaincre.
Le scénario se permet aussi d'être régulièrement incohérent :


Tout le monde gueule devant le bus en tentant de monter dessus pour passer. Le clochard-héros lui, tranquille, le monte sans problème après un discours contestataire lamentable et se fait tuer sur le toit. Oulala, vilains flics, vilaine société... !
Le même clochard qui jette le flingue de rage dans le commissariat, pourtant encore plein à ras bord.


Mais j'ai surtout été mis par dessus la 3ème corde lorsqu'est survenu ce fameux twist nullissime, bon sang de bois :


Le père qui est en fait le « mac » de la fille, qui tue le mec de la fille, puis qui tente de violer la fille. Comme ça, gratuitement. Puis la fille se transforme en zombie et le bouffe. Ok les gars.


Que dire si ce n'est « Bon ok, le réal a tenté des blagues pas drôles tout le long du film, là il tire la sirène d'alarme et veut choquer la salle », mais ça ne marche tellement pas. C'est tellement vain comme twist... Et tellement facile comme morale à base de « La thune c'est plus important que l'entraide face au danger, la thune c'est le mal authentique. Les clochards sont les plus humains ». A la rigueur pourquoi pas, mais pas comme ça, balancé comme un vulgaire pavé de manif d'ado vers la fin du film.


Seoul Station tente donc de nous fourguer maladroitement un nanar zombie qui cherche désespérément à être intelligent, avec la caution originale « film d'animation » . Au final nous avons une adaptation d'un jeu Telltale, mais sans choix et ambitions scénaristiques.

Raoh
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le 27 oct. 2016

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