Sept hivers à Téhéran est un film qui retrace l’histoire vécue d’une iranienne Reyhaneh Jabbari, jeune femme de 19 victime d’une tentative de viol puis condamnée par la justice iranienne pour le meurtre de son agresseur. Sa légitime défense n’étant pas reconnue lors de son procès, elle est torturée et emprisonnée dans les prisons d’Iran pour meurtre intentionnelle. S’applique à elle une loi toujours d’actualité en Iran : celle du Talion, œil pour œil, dent pour dent, ceux que tu as fait; on te le le fera. La seule issue pour cette femme est donc de se faire octroyer le pardon par la famille de la victime, sans lequel elle est condamnée à la pendaison.
Je vous laisse les détails des conditions de la famille pour ce pardon, les conversations entre la famille de la « victime » du meurtre et celle de « l’accusé », les questions politiques et religieuses entremêlées ainsi que la corruption et effet de pouvoir à découvrir lors de la projection. Préparez vous à bouillonner de rage et à être sous le choc tout le long de la projection.
Le film est enrichi par des images d’archives filmées par la famille de Reyhaneh, des témoignages de celle ci, de ses co-detenues, de messages, d’éléments du procès, d’images médiatiques… Ce qui rend le tout extrêmement complet et touchant.
Ce type de film me semble nécessaire pour plusieurs raisons plutôt évidentes mais que je vais me permettre de rappeler.
L’exécution est toujours d’actualité dans de nombreux pays et constitue en Iran un simple fait divers pour beaucoup d’habitants. La prise de conscience est présente pour certains mais les pays comme la France ont un devoir de sensibilisation de leur propre population pour permettre aux personnes victimes de la justice d’obtenir de l’aide et d’avoir de la visibilité. La peine de mort doit disparaître.
Ensuite il s’agit de montrer les rouages d’un système corrompu en Iran, une justice imparfaite, qui repose sur des arguments totalement subjectifs, des juges partiaux, avec un arrière fond d’une dérive religieuse empiétant sur les lois : le tout engendrant des conséquences désastreuses que ca soit individuels ou collectifs.
Et enfin : remettre en perspective ce qu’est la peine de mort: il ne s’agit pas seulement d’une vie retirée par des hommes (ce qui est déjà largement peinant) mais d’une famille qui perd un membre sous le coup d’une justice malhonnête dans ce cas précis. C’est la douleur, le deuil, la vie avant l’exécution et celle sans le défunt, la blessure…
Nous avons eu la chance de discuter avec la mère de la victime, Shole, à la fin de séance: son témoignage était poignant et a suscité beaucoup d’émotions dans la salle. La remise à niveau est de taille : son discours remet en place notre situation privilégiée en France, les atouts de notre système judiciaire car oui; il y en a, et notre devoir de sensibilisation/d’action face à ces affaires si difficiles en Iran et plus largement dans le monde.
Simplement à voir.