Septième Lune par Mickaël Barbato
Vu Seventh Moon, de Eduardo Sanchez, l'un des co-réalisateurs du Projet Blair Witch.
Un couple d'américains, une blonde et un sino-américain, part en Chine pour fêter leur lune de miel. Alors qu'ils visitent l'arrière pays et ses villages typiques, ils sont pris au milieu d'une célébration ancestrale. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que les fantômes rôdent bel et bien. Et ils veulent leurs offrandes...
On n'est pas loin du style de Blair Witch, en apparence tout du moins. La caméra à l'épaule qui donne la nausée est de retour, sauf qu'ici elle ne sert pas du tout la narration comme c'était le cas pour Blair Witch ou Rec. Elle n'épouse aucun pont de vue, on doit donc supporter le bordel constant et un cut à donner des crises d'épilepsie à un cadavre dès que l'action s'intensifie un peu.
Ce qui n'est pas le cas bien souvent. Loin d'être un défaut en soi, travailler sur l'ambiance est bien plus intéressant, sauf que c'est totalement raté. Pour toutes les raisons possibles. Le scénario ne réserve aucune surprises, ce qui est un résultat direct du choix d'un cut aussi rapide. Quand on ne te laisse pas le temps de penser, on ne te laisse pas imaginer. Logique. Imaginez-vous devoir aller aux toilettes, au fond de ce putain de couloir plongé dans le noir le plus total. La peur, qui intervient de l'imagination plus ou moins débordante, serait évidemment moindre si un flash rapide de lumière venait éclairer le couloir. C'est la même chose avec le choix de plans aussi courts dans un film d'horreur. C'est radical. Alors, comment travailler sur l'ambiance quand aucun plan ne dépasse les 4 secondes ? Faudra être fort (ce n'est jamais arrivé jusqu'ici, dans un film d'horreur, à part Tetsuo peut-être mais là y'avait du talent) pour répondre à cette question.
En tout cas, fallait pas attendre derrière Eduardo Sanchez. Entre ses effets de sursaut déjà vu mille fois et son incapacité à rendre une copie qui ne sente pas trop l'inspiration sauvage (c'est très clairement un mix entre un Blair Witch démonstratif, The Descent pour les monstres et la grotte finale et 28 jours plus tard pour une séquence expiration dans une grande bâtisse), on se dit déjà que sa patte est incertaine. Mais plus grave, le film est très, très, très, très, très limite concernant ce qu'il véhicule. Le couple étazunien, confronté à un phénomène violent dans un pays lointain et une culture autre, dont la femme bien blonde californienne (une Amy Smart à chier comme d'habitude) dit "tu vois je te l'avais dit si tu m'avais écouté on serait entrain de se baigner en Floride"... Comment dire... Rien, mieux vaut ne rien en dire. Surtout que ce n'est pas le seul exemple de fermeture. Qu'un personnage prenne la parole, OK. Mais on se rend vite compte que le film ne montre ps de bonté pour la Chine et ses habitants. Les traitres ? Ce sont eux. Les monstres ? Ce sont eux. Les sacrifices, ce sont eux. L'américaine doit survivre, se débarrasser de la menace et retourner dans son pays, c'est écrit.
Aucun frisson, un montage que même sarkozy en tension maximum ne comprendrait pas, des monstres réussis mais inoffensifs, des situations sans originalité, un casting à la ramasse, un discours plus que limite. En voilà une belle daube.