J'ai eu beaucoup de mal à sortir de ce film.
Partir pour mieux rester. Figer le temps pour dessiner un autre avenir, où tout est possible.
Un film en miettes comme son héroïne, dans lequel on recolle les morceaux avec elle.
On aimerait que ce puzzle ne soit pas inéluctable, que les pièces s'accrochent différemment, et qu'une fois terminé il nous donne à voir la seule réalité qui ferait sens. Mais au long de ce chemin initiatique, on doit apprendre avec elle à accepter l'implacable et douloureuse vérité.
Comment être dans un monde où tout ce qui nous ancrait dans le monde des vivants nous a été enlevé. Comment supporter l'insupportable autrement qu'en créant une autre réalité, la seule qu'il vaut la peine de percevoir.
Ce film est doux autant qu'il est douloureux, la liberté chronologique qui se donne à voir au fil des scènes et des sons qui débordent ailleurs est intrigante et m'a entraînée dans ce tumulte mental qui existe après un traumatisme.
Mathieu Amalric dit que son histoire est celle d'une femme qui part. Une femme qui part surtout en elle-même, pour trouver une issue à la douleur, une femme qui quitte les siens pour pouvoir continuer à les aimer vivants, pour que rien ne s'arrête, et qu'ils partent à leur tour par la force de leur seule volonté, et que tous se laissent dans un ordre des choses plus acceptable.