Mars arnacks!
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S’il assure le grand spectacle par une ouverture et une clausule mémorables, The Martian échoue pourtant à s’affirmer telle une œuvre de Ridley Scott à part entière, tant le cinéaste concède son nihilisme à la dimension ludique et « feel good » qui appartient à son scénariste sur ce projet, Drew Goddard, à l’origine de The Cabin in the Woods (2012) et Bad Times at the El Royale (2018). Le décalage permanent, à grands coups de disco et d’autodérision forcée, empêche l’expression d’un désarroi et d’une solitude que l’on ne voit jamais naître ni grandir à l’écran. Les ellipses éludent les périodes les plus intéressantes, à savoir l’attente entre la mise en place d’un projet de sauvetage et l’arrivée de la mission.
Le personnage interprété par Matt Damon n’est qu’un fantoche dépourvu de profondeur émotionnelle et de dilemmes existentiels : il se réduit à sa masse corporelle que le cinéaste s’amuse à faire diminuer en dénudant l’acteur pour montrer le martyre d’un pionnier qui devient « le premier homme à se retrouver seul sur une planète entière ». Se tenait là un postulat rejouant celui de 1492: Conquest of Paradise (1992), mais à l’envers : soit le récit d’un explorateur soucieux de repousser les limites de la connaissance scientifique et qui se transforme, malgré lui, en conquérant d’un monde stérile et tellement pur qu’il s’apparente à l’Enfer. Là où Christoph Colomb s’affirmait dès le début en conquérant, Mark Whatney endosse ce rôle par défaut. Scott se contente toutefois d’établir l’affiliation avec le purgatoire, symbolisée par la dégradation de la croix, sans aller plus loin.
L’alternance de trois niveaux – Mars, la navette spatiale et la Terre – nuit gravement à notre immersion et invalide une errance à l’unisson du personnage principal, que nous regardons enregistrer ses vidéos comme se multiplient les émissions de survie en milieu hostile sur les chaînes de la TNT. Avec The Martian, Ridley Scott se repose, en vacances dans l’espace comme il l’était autrefois dans le Sud de la France (A Good Year, 2006). Une concession populaire et chimérique.
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le 1 mai 2021
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