Une aventure humaine simple mais rondement menée

Ridley Scott a beau s’approcher des 80 ans, cela ne l’a pas empêché d’enchaîner les tournages au fil des mois, passant de Prometheus à Exodus : Gods and Kings, en passant par Cartel. Et apparemment, il ne compte pas s’en arrêter là, étant donné qu’avant d’attaquer Alien : Paradise Lost (aka Prometheus 2), le Britannique livre une nouvelle œuvre de science-fiction avec Seul sur Mars (The Martian en VO), adaptation du roman éponyme d’Andy Weir. Un nouveau long-métrage qui lui permet de retrouver la consécration auprès des critiques et du public, ces derniers l’ayant pour ses précédents films, via de très bons échos et un score au box-office des plus honorables.


Il faut dire aussi que depuis 2013, nous avons droit durant l’automne à un grand film prenant place dans l’espace. Après donc Gravity et Interstellar, c’est au tour de Seul sur Mars de faire ses preuves sur grand écran, au risque de créer une certaine monotonie dans les sorties cinéma. Mais à des années lumière du spectaculaire film d’Alfonso Cuarón et du trip métaphysique de Christopher Nolan, le nouveau-né de Ridley Scott n’est rien d’autre qu’une aventure purement humaine. Une sorte de Robinson Crusoé isolé sur la planète rouge de notre cher système solaire. Un simple film de survie ne faisant que suivre le cheminement du personnage principal à résoudre les problèmes qui se présentent à lui. Donc, ne vous attendez pas à de l’originalité scénaristique ni même à des séquences grand spectacle, vous n’en aurez pas dans ce film ! Cela peut paraître frustrant quelque part, d’autant plus que la bande-annonce promettait quelque chose de véritablement grandiose. Mais non, il s’agit-là d’un long-métrage assez hollywoodien dans l’ensemble, avec son happy end et ses protagonistes qui s’enlacent de joie comme dans tout divertissement mettant en scène la NASA.


Alors oui, dans le fond, le scénario de Seul sur Mars s’avère très classique. Mais sur la forme, le résultat s’avère être des plus convaincants et ce sur bien des points. En effet, le film est un survivor qui réussit sans mal à capter l’attention du spectateur. Cela, il y parvient grâce à deux caractéristiques propres au film. Le premier étant son très grand réalisme, basé sur des faits scientifiques, qui, contrairement à Interstellar, ne se montre jamais complexe au risque de perdre le public en cours de route. Tout ce que vous verrez dans le film, que ce soit le calendrier martien établit par la NASA (prétexte à des ellipses parfois brutales), les termes techniques de navigation spatiale ou encore les expériences du personnage principal, est d’une simplicité enfantine niveau compréhension. Une sorte de C’est pas sorcier sur Mars éducatif, bien loin des énumérations un brin prétentieuses et mensongères d’Interstellar (proposer un récit crédible au possible alors que son dénouement est tout simplement tiré par les cheveux). Le second, et le plus inattendu, reste la bonne humeur de l’ensemble. Au lieu d’avoir affaire à une sorte de sauvetage dramatique larmoyant, c’est un feel good movie dans la plus pure des traditions qui nous est ici offert. Se permettant d’aborder un humour pour le moins agréable, une bande musicale dynamique se balançant entre les compositions d’Harry Gregson-Williams et une playlist dico (proposant de grand titres comme Hot Stuff de Donna Summer), et surtout une brochette d’excellents comédiens investis et talentueux (on y retrouve un Matt Damon simple, attachant et plus vulnérable que jamais) qui permettent de livrer d’attachants et de sympathiques protagonistes.


Et n’oublions pas la direction artistique ! Encore une fois, Ridley Scott prouve qu’il est un maître en la matière pour créer des univers impressionnants. Il suffit de voir Prometheus qui, même s’il cumulait bien des défauts, pouvait se vanter d’avoir des décors, bruitages et autres effets sonores de très grande qualité. Avec Seul sur Mars, le réalisateur confirme à nouveau cette étiquette de metteur en scène artistique. Ici, le Britannique nous livre une planète rouge plus vraie que nature avec des paysages crédibles au possible qu’il filme via de très grands panoramas afin de nous en mettre plein la vue. Et sans abuser des effets numériques, s’il vous plait (la tempête au début du film est une prouesse technique à ne pas négliger, réellement réalisée en studio) ! Le tout en y instaurant une tension à certains moments pour nous tenir en haleine, par le biais d’un montage bien pensé pouvant nous surprendre (comme la dépressurisation d’un sas) et d’effets sonores grandement travaillés (le son qu’émet la bâche sous l’effet du vent en est le parfait exemple).


Sorti, il faut bien le dire, de nulle part alors que beaucoup parlaient (dont Scott lui-même) de Prometheus 2, Seul sur Mars est un film sans grande prétention si ce n’est celle d’offrir au public une aventure humaine. Rien de plus ! Si certains s’offusqueront devant la simplicité de l’œuvre, la plupart ne pourront que se laisser emporter par ce divertissement rondement mené et surtout maîtrisé de bout en bout.

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le 17 nov. 2015

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