Seul sur 'Mars... Et ça repart' déçu

Que les choses soient claires dès le début : le film n'est pas complètement raté. Encore heureux. Avec un budget pareil, on s'attend à voir des images spectaculaires pour un film dont on sait que la majeure partie se déroulera sur Mars et, a priori, dans l'espace. A ce niveau là, c'est assez correct, certains plans sont bien foutus. Mention spéciale même pour quelques scènes, où Ridley arrive à nous transmettre ce sentiment d'étouffement que subit Matt Damon, pourtant seul sur sa planète (ou dans l'espace). Les paysages qui l'entourent sont immenses, mais la réalité l'empêche de quitter sa base de plus d'une certaine distance, tout en restant prisonnier de sa combinaison et dépendant de son Rover.
La 3D vaut d'ailleurs le coup pour accentuer la petitesse de l'homme parmi les immenses plaines rouges. Chouette également pour les scènes spatiales, mais bon, pas de bol, le film est sorti après Gravity. Du coup, plus d'effet de surprise à ce niveau-là, et rien de révolutionnaire.

Pour le reste, si vous êtes venus pour voir un film nanardesque américain qui enfonce toutes les portes possibles des clichés hollywoodiens, ce film est pour vous !

Au niveau des acteurs, déjà. A part Matt Damon, qui livre une prestation honorable, le reste n'est que coquilles vides. Tous sont plus clichés les uns que les autres :
- Le directeur de la NASA, une tête de noeud au fond gentil
- La directrice de communication qui prend les gens pour des cons et qui conseille systématiquement de prendre les décisions moralement les plus abjectes pour soigner l'opinion publique
- L'étudiant en astrophysique à l'éducation civique complètement foirée qui a LA solution pour sauver Matt. Solution à laquelle bien évidemment les génies les plus éminents de la NASA n'avaient jamais songé.
- Chaque membre de l'équipage...
- Tous les autres...

Je note aussi certains points du film pour lesquels Ridley Scott passe totalement à côté :
- Quid de l'aspect psychologique d'une épreuve telle que la subit Matt ? Il ne semble jamais flancher et n'avoir aucun séquelle.
- Bon et, l'aspect temporel dans tout ça ? Là, c'est raté. On n'arrive pas à mesurer le temps réellement passé par Matt sur Mars. Tout au plus on mesurerait ça en semaines, or il y est resté plus d'un an. Pareil pour les membres d'équipages, qui ne semblent pas eux-mêmes comprendre à quoi correspond 500 jours de détour.

Et puis les Chinois qui s'allient aux USA parce que la question de sauver une personne se pose au-delà de tous les jeux politiques. Et puis les communications Terre-Mars instantanées alors que 4 minutes-lumière séparent les protagonistes. Et puis les membres d'équipage qui n'hésitent pas une seconde à risquer leur vie, celle du satellite, à faire défection, et à rentrer un an et demi plus tard, pour potentiellement avoir une chance de sauver Matt. Et puis ces enchaînements improbables et pas crédibles pour sauver Matt à la fin (au passage, j'adore le souci du détail du chimiste qui a pris le soin de confectionner une bombe en 4e vitesse avec des leds qui clignotent de plus en plus vite au fil du compte-à-rebours et qui produit un son qui se diffuse même dans le vide de l'espace. Chapeau à lui !).

Bref, j'arrête là. Je ne saurais de toutes façons pas être exhaustif sur tous les moments où j'ai soupiré au moment du visionnage. En somme, la déception est à la hauteur du potentiel qu'avait ce film. Gâché par trop d'imprécisions à tous les niveaux (scientifique, crédibilité des scènes et des personnages, ...). Désolé Ridley, mais ton film est un cran en dessous d'Interstellar et Gravity, comparaison oblige !