S'il n'égale pas les chefs-d'oeuvres atmosphériques (au propre comme au figuré) que sont ALien premier du nom ou Blade Runner, Ridley Scott nous revient tout de même en bonne forme (surtout après l'accueil mitigé des ses derniers films) avec ce film, étonnant "feel good movie spatial", dont le ton léger lui permet de se démarquer des poids lourds Gravity et Interstellar, sans tomber dans la redite thématique. Premier bon point pour Seul sur Mars, qu'on peut aussi voir comme sa principale limite. Le film garde cette ligne humoristique tout du long, ce qui est appréciable et lui permet de rester cohérent, même si c'est au détriment du réalisme psychologique. Ce qui tranche par ailleurs avec le côté très documentaire de la première moitié du film, que j'ai bien apprécié pour ma part, notamment pour toutes les explications scientifiques et techniques relatives à la survie du héros.


L'humour est omniprésent sans être lourd, et les passages musicaux-décalés, bien que sentant le déjà-vu restent plaisants (et puis qui n'a jamais rêvé d'écouter "hot stuff" à fond les ballons seul sur la planète rouge ?). La deuxième moitié est assez classique avec ses séquences de suspens et de sauvetage de haut vol, mais le patriotisme - souvent appuyé dans ce genre de production - n'est pas marqué au point de verser dans le ridicule ou le lourdingue, ouf ! Un petit côté démago peut-être "tiens, et si on demandait à nos amis chinois de nous aider ?"


Seul vrai "regret", peut-être, l'absence de progression psychologique du personnage, pourtant confronté à une situation extrême et inédite, d'où le manque de réalisme et d'une certaine profondeur, mais qu'on peut aussi voir comme une forme de modestie et une volonté de maintenir le film dans son registre léger. Manque peut-être aussi la "patte" du cinéaste, peu visible même si le tout est visuellement très beau, qui lui donnerait une identité plus marquée. Néanmoins tout ceci ne gâche pas le plaisir du visionnage, d'autant que le film véhicule des valeurs positives telles que la débrouille (éloge au système D) et la solidarité, ce qui est plutôt agréable à notre époque où le cynisme et l'individualisme sont à la mode.


En somme s'il manque sans doute quelque chose à "Seul sur Mars" pour être un grand film, pour ma part il n'a pas été une déception.

Carlotta_Jettle
7
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le 9 nov. 2015

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Black Betty

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