Le vrai Amour
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Voilà un petit film plutôt pas mal fait sur le thème de la difficulté à assumer son homosexualité en milieu très rural. Mais qui hélas a grandi à l’ombre d’une abondante production aux sujets très/trop similaires depuis une décennie, et donc de fait reste des plus convenus. Cette anémie scénaristique pèse lourdement sur l’intérêt que l’on y porte, sauvé fort heureusement par une mise en scène des plus abruptes et deux jeunes acteurs prometteurs.
Johnny, orphelin de mère, doit assumer la lourde charge de l’exploitation agricole moribonde depuis que son père a été frappé d’un AVC. Jusque là, sa vie se résume à cette charge difficile, aux remontrances du père et de la grand-mère, à ses beuveries du soir et à quelques actes sexuels furtifs et clandestins. Jusqu’au jour où arrive à le ferme Gheorghe ouvrier agricole fraichement débarqué de Roumanie. Ce sera pour lui un vrai moment de révélation où âmes et corps découvriront sensualité, complicité, tendresse… bref l’amour.
Si la première partie est techniquement et humainement maitrisée par l’approche de ce personnage de Johnny (Josh O’Connor très impliqué) que l’on découvre peu à peu, la seconde partie elle laisse trop de place aux situations dramatiques.
Certes la situation ne peut exister sans connaître d’obstacles. A commencer par la personnalité un peu primaire de Johnny, qui n’a pas vécu autre chose que l’enclos familial où les sentiments sont remisés. S’ajoute à cela son homosexualité avec tous les non-dits et la souffrance que cela peut provoquer dans un tel milieu. Ou encore le racisme, avec Gheorghe (excellent Alex Secareanu) émigré roumain et le cortège de poncifs et d’amalgame (Roumain/ Gitan) que l’on imagine, il se se trouve le mal venu à double titre. Ce lourd contexte est omniprésent et c’est là où Francis Lee se devait d’appuyer sur plus de scènes complices à l’image de celle où Johnny endormi pose sa tête sur l’épaule de Gheorghe ce qui ne manque pas de la faire sourire de joie. Car après tout, pour vaincre un monde si hostile à leur union, c’est que la force qui est donnée à Johnny et Gheorghe transcende la relation, bien au-delà du seul besoin de l’autre, du sexe, de la complicité. Cette force est l’amour, qui ne se prononce pas, qui ne s’organise pas, mais qui se vit coûte que coûte.
Qu’il aurait été des plus plaisant de les voir sur telle ou telle scène dans l’intimité du bonheur, et ne pas se limiter au syndrome Brokeback Mountain. Un peu à l’image de « My beautiful laundrette » de Stephen Frears dans les années 80, où malgré un drame qui planait en permanence, une belle légèreté traversait le film. Il faut attendre la fin pour retrouver cette légèreté qui fait défaut à « Seule la terre » avec cet ultime plan clin d’oeil où Francis Lee balaie d’un coup le lourd passé et ouvre la perspective d’un amour plus radieux.
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le 13 déc. 2017
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